Live and let lie
On peut faire une foule de reproches à Dolan, mais certainement pas celui de l’insincérité. C’est d’ailleurs là l’une des conclusions de ce film, qui enjoint à la jeunesse de vivre dans la vérité :...
le 18 mars 2019
106 j'aime
6
SPOILERS ÉVENTUELS
J'ai fini par voir le Dolan mais même si j'ai aimé je suis plutôt déçu, il sera bon dernier dans mon top du réalisateur (je les ai tous vus) et assez bas dans mon classement des films de 2019. Il est clair que ça a été charcuté au montage. Je trouve que Ma vie avec John F Donovan n'arrive pas à approfondir les relations entre les personnages et que plein d'entre eux ne sont pas assez creusés y compris le héros John F Donovan, qui est au final assez survolé, ce qui s'explique peut-être par le fait que le point de vue soit celui de Rupert. C'est donc très elliptique comme peut l'être un échange épistolaire. Au final, Rupert et Donovan se rencontrant jamais, les lettres n'étant jamais lues sauf la dernière, la relation entre les deux personnages n'est pas du tout creusée on en reste au stade de l'admiration de Rupert pour son idole et pour ce qui est de ce qu'éprouve Donovan pour le gamin, à part la dernière lettre, il y a rien. On a du coup 2 intrigues parallèles qui se croisent très peu. Plein de personnages secondaires sont sacrifiés : on ne voit Kathy Bates, l'agent de Donovan que 2 très courtes scènes avant la longue scène de rupture, ça n'a pas permis de creuser le lien entre les deux et du coup cela rend difficile de s'impliquer émotionnellement. Pareil pour les relations entre Donovan et sa famille et surtout sa mère : il n'y a que 2 scènes, certes longues, c'est trop peu. La scène dans la baignoire aurait pu être renversante si on s'était attaché davantage aux personnages mais comme on les a vus que 5 minutes avant c'est pas un gros plan sur le visage de Susan Sarandon qui va nous bouleverser. Idem pour la relation entre Donovan et son amant secret, ce n'est pas assez développé, du coup je n'ai pas été touché au moment de la séparation. A côté de cela il y a l'apparition improbable de Dumbledore dans une cuisine (décor incompréhensible d'ailleurs je suis incapable de dire où la scène se déroule :chez Donovan et Dumbledore est un plombier ou dans la cuisine d'un restau miteux) qui vient asséner un discours moralisateur assez banal, le personnage aurait franchement pu être coupé au montage lui. Y a un personnage de garagiste que va voir Donovan et auquel il se confie : je n'ai absolument pas compris qui c'était : un ami, un ancien amant ? Il y a quand même un lourd problème de traitement des personnages secondaires : à part Nathalie Portman et la journaliste, ils sont tous mal traités ou pas assez approfondis. Le montage initial de 4h00 n'aurait pas été de trop et j'aimerais bien le voir un jour, j'ai l'impression que cette contrainte de faire un film de 2h10 vient des producteurs et pas de Dolan lui même (Imaginez si Lawrence anyways ne durait que 2h00)et que ça a en partie gâché le film.
Ce qui est bien plus réussi c'est la relation entre Rupert et sa mère et la relation entre Rupert adulte et la journaliste.
Pour ce qui est de la mise en scène c'est élégant et bien fait mais j'ai trouvé ça parfois terriblement artificiel notamment la scène de découverte du corps de Donovan au début avec ce traitement de la photographies qui devient brumeuse, c'est juste de la belle image pour de la belle image mais j'ai trouvé ça assez creux. Toutes ces vues aériennes sur le New york nocturne pareil, c'est juste beau mais quelle utilité de le faire 3 ou 4 fois ? Quant à la fameuse scène de retrouvailles sous la pluie je l'ai trouvée tellement balourde, tellement écrite pour être The scene en mode clip show, autant le flashback avec O-zone dans Juste la fin du monde était un climax émotionnel, la plus belle scène du film et j'ai encore eu les larmes aux yeux en la regardant sur youtube il y a 3 jours, autant là je n'ai rien ressenti, si ce n'est de l'agacement devant l'artificialité de la construction et de la réalisation de la scène. Au contraire j'ai vraiment été touché par la scène finale beaucoup plus sobre dans la lignée de My own private idaho où Rupert rejoint son petit ami en moto s'assumant au grand jour, ce que n'avait pas réussi à faire Donovan. La scène sur le plateau de tournage où John Donovan pète un câble au moment ou tout sort dans les médias est également formidable de tension et d'émotion. Les acteurs sont tous bons y compris Kit Harrington.
Bref c'est pas plus mal que le film ne marche pas, je préfère Dolan quand il tourne chez lui. Malgré ses nombreuses qualités cela reste une déception pour un film de Dolan car je mets la barre beaucoup plus haut.
En plus l'œuvre souffre dans mon esprit de la comparaison avec Grâce à Dieu que j'ai vu le même jour et qui dure également 2h10 : les personnages secondaires notamment les parents et les relations que leurs enfants entretiennent avec eux sont merveilleusement réussis. Même durée que le Dolan, plus de personnages encore, 3 intrigues différentes qui s’enchaînent dans une sorte de passage de relais dans un but commun et pourtant ça marche parfaitement là où le Dolan est plus bancal.
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Créée
le 17 mars 2019
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1 commentaire
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