Les Garçons sauvages est un film extraordinaire d'inventivité, de poésie et de beauté plastique. Une oeuvre unique, organique, forte et marquante dont les images continuent de nous hanter longtemps encore après le visionnage. On ne fait plus des films comme ça. C'est en même temps d'une bizarrerie totale et très accessible. ça lorgne à la fois vers les récits d'aventure populaires à la Jules Verne et des œuvres beaucoup plus subversives comme Sa majesté des mouches ou celles de William Burroughs à qui Mandico emprunte son titre. De même pour le style visuel on retrouve les bricolages/trucages et la poésie de Méliès et Cocteau mêlés à l'homoérotisme de Kenneth Anger et de Pink Narcissus. Quant à la fin c'est carrément Querelle de Fassbinder. En prime le scénario semble cousin issu de germain de celui d'Orange mécanique (un groupe de jeunes garçons violents et violeurs se voient imposer un traitement pour les rendre inoffensifs sauf que dans ce film le traitement est un récit initiatique qui ne les transforment pas en êtres non-violents à la merci de tous mais dans lequel ils se muent en femme grâce au contact de la végétation d'une île extraordinaire). En s'inspirant de ce qui se faisait il y a plus de 50 ans Mandico donne l'impression que tout le reste de la production actuelle, Lynch excepté, a 50 ans de retard. Il est impératif que ce metteur en scène de génie trouve des financements pour ne plus se limiter aux courts métrages et pouvoir nous pondre de nouveaux longs métrages aussi poétiques, fous, beaux, sensuels et déviants que celui-ci.