Allégorie de la transidentité au siècle passé

La transidentité, on dirait que c’est récent parce qu’on en parle tellement aujourd’hui. Et il y a bien quelque chose d’anachronique à voir le personnage de Ludovic genré au féminin dans le résumé IMDb. Du temps ou Michèle Laroque et Hélène Vincent incarnaient respectivement l’incompréhension et la tolérance devant l’identité de l’enfant, c’était un « il ».


Mais c’est aussi là qu’Alain Berliner puise son traitement : la pression sociale sur une famille victimisée nous oblige à considérer tour à tour le fils – la fille ? –, les perpétrateurs puis les géniteurs comme les coupables autour desquels gravitent de vraies figures de compréhension. Et puis la pression de l’environnement, cet ensemble de critiques ubiquites, transforme la mère – Laroque – en celle qui a tort de se défendre quand le monde n’est plus hostile.


Les métamorphoses ne sont malheureusement pas toujours expliquées : le grattage des extrêmes est facile mais forcément incomplet, et le mérite d’avoir exploré à peu près toutes les facettes d’un quartier – voisinage, école, fratrie, boulot, responsabilité – est abîmé par une trop grande tendance à l’évasivité.


Toutefois, les escapades oniriques sont belles, colorées et poétiques mais franches et sans métaphores, et la cultivation de l’androgynie est une piste fière dans l’exploration d’un sujet prémonitoire. Évidemment, le film a vieilli plus que de raison avec les chamboulements culturels, et sera bientôt nimbé des brumes d’un gigantesque gouffre générationnel. Un jour, on ne saura peut-être plus voir que les lignes sont tantôt trop faibles, tantôt trop vives, comme les humeurs d’un père qui change comme la météo anglaise.


Ou peut-être que c’est moi qui suis en tort, déjà de l’autre côté du gouffre ? Quoi qu’il en soit, au-delà de tempéraments capricieux et d’un vague manque de perfectionnisme dans la finition, Ma vie est rose est à la couleur que le titre annonce : une vision presque féminine qui accompagne Ludovic et le juste jeu de Georges du Fresnes, une vision un peu trop enrubannée de bourgeoisie pour être honnête, mais qui prend la peine et le taureau par les cornes.


Quantième Art

EowynCwper
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le 27 mai 2019

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Eowyn Cwper

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