Ma Vie,Ma gueule est un film testament, où Hélène Fillières a décidé de mettre beaucoup de ses vérités. Même si le personnage de Barberie Bichette pourrait être un double fictif de la réalisatrice, il concentre indubitablement certaines de ses obsessions comme le temps qui passe, la mort et le sens de la vie.Agnès Jaoui compose à merveille l’identité contrariée de cette quinquagénaire ( aidé d’un casting très doué) à travers des moments où les gens de la rue, les collègues de travail, la famille et le personnel d’une clinique ne sont plus des soutiens passagers dans la vie mais des humains plongés dans leurs propres logiques qui ne la comprennent vraiment pas voire vraiment plus.Le constat est à la fois drôle et terrible et Hélène Fillières, rappelle qu’un personnage onirique ( même si c’est Philippe Katerine) peut vous sauver la mise grâce à une écoute bienveillante. De plus, le personnage de Barberie Bichette est aussi dans la confrontation directe ( ce qui peut lui jouer des tours) comme lui permettre de voir où la situation peut évoluer ou aboutir. Une manière pour Hélène Fillières d’établir que la maturité n’est pas qu’une tuile mais offre parfois des moments de clairvoyance bienvenus. Le film dans cette exposition de « Je est une autre » en profite pour souligner que la vulnérabilité passagère n’est pas une fatalité et que l’envie du retour à soi-même fait soulever des montagnes ( un décor où se finit le film d’ailleurs). En définitive, une succession d’actions/réactions où rire et émotions se mêlent, où la vérité des choses et la raison qu’on a sur elles est très relative. C’est un film qu’il faut donc accueillir dans ses élans paradoxaux pour l’apprécier à sa juste valeur. Et surtout saisir que la protagoniste principale au delà de son caractère et de ses fragilités demeure debout car la vie est une sarabande où il faut apprendre à danser sous la pluie tout en trouvant sa propre idée de la sérénité.