Dès son premier film, Kore-Eda Hirokazu a abordé le thème de la mort, sujet récurrent chez ce cinéaste nippon et qui se retrouve dans chaque oeuvre de son actuelle carrière. S'intéressant ici à la réaction d'une personne après le suicide inexpliqué de son mari, Maborosi s'avère être un bon film sur le sujet, dévoilant déjà les chemins que le cinéaste empruntera par le futur.
A travers la jeune femme, c'est évidemment l'interrogation des proches qui est mise en avant lorsqu'on est confronté au suicide, cet acte délibéré qui laisse généralement abasourdi les proches. Choisir de partir de la sorte dans l'inconnu suscite énormément d'incompréhension. On tente de trouver des explications, des raisons, ça inquiète, ça pourrit la vie et pourtant il faut bien continuer à vivre et à se reconstruire soi-même.
Le cinéaste choisit une voie très silencieuse, signifiant avant tout une reconstruction psychologique qui ne se partage pas, qui se fait toute seule. Hirokazu ajoute à cela de nombreux plans fixes. Par instant, on regrettera que le cinéaste s'attarde trop souvent sur une même situation, sur une même scène. Le fait qu'il insiste sur un état d'esprit de la personne finit par créer des longueurs dans l'oeuvre alors que s'il avait pu raccourcir quelques peu certains plans, le film en aurait gagné au final car cela ne modifiait en rien la compréhension par le spectateur. C'est surtout un signe flagrant que le cinéaste manque encore de maturité. Mais c'est absolument normal dans la mesure où il ne s'agit, rappelons-le, que de son premier film.
En contrepartie, le cinéaste offre des plans à l'esthétique remarquable, très recherchée et d'une grande beauté donc. Sur le fond, l'oeuvre suit les interrogations donc de cette femme jusque la fin. Mais au final, pour peut-être pouvoir retrouver la joie de vivre, il ne faut pas chercher de raisons ou d'explications valables face au suicide. Seule la personne qui commet cet acte peut parvenir à expliquer ce qui lui est passé par la tête. Cela ne peut que raviver en nous des sentiments mélancoliques et de tristesse influant considérablement sur la vie de tous les jours. Le souvenir d'un être cher doit bien entendu être gardé en mémoire mais il ne peut influer négativement sur une personne. Et cela, Hirokazu l'a bien compris.