Assassin's Creed est entre de bonnes mains

Après maintes tentatives de cinéastes de renom comme Orson Welles ou Roman Polanski, réadapter de nos jours une pièce aussi culte que celle-ci relevait du défi et le moins que l'on puisse dire, c'est que ce Macbeth 2015 a de la gueule ! Pari réussi donc pour Justin Kurzuel (Les Crimes de Snowtown et prochainement Assassin's Creed), qui nous propose ici un film aussi envoûtant qu'il n'est parfaitement interprété, tant au niveau des rôles secondaires, tenus entre autres par David Thewlis et Sean Harris, qu'au niveau de son duo phare, magistralement incarné par un Michael Fassbender et une Marion Cotillard impressionnants de charisme et de noirceur.


Ces derniers s'expriment en vers dans cette version étonnement très fidèle au texte d'origine, nous faisant apprécier les magnifiques dialogues de son auteur. J'émettrai cependant une petite réserve sur ce parti-pris très théâtral qui, à force de bavardages interminables, plombe parfois le récit. En effet, le film n'est pas exempt de longueurs et il m'est arrivé de bailler pendant certaines de ces tirades.


Toutefois, ces quelques moments d'ennuis sont vite rattrapés par la mise en scène maniérée et ô combien époustouflante de Justin Kurzel qui, avec l'aide de son directeur de la photographie Adam Arkapaw (True Detective, Top of the Lake...), compose des cadrages saisissants de beauté, à grand renfort de philtres, de ralentis esthétisés et de paysages majestueux. Nous pouvons citer en exemple la scène d'ouverture, une immense bataille qui n'aurait rien à envier à 300, ou encore cet affrontement final, à la limite de l'abstraction, baignant dans les couleurs flamboyantes d'un incendie qui virent même au rouge sang jusqu'au sublime dernier plan du film. Le tout accompagné d'une musique des plus épiques composée par Jed Kurzel, qui n'est autre que le frère du réalisateur.


Bref, bien plus qu'une adaptation moderne du chef d’œuvre de Shakespeare, ce film est un trip visuel complètement fou, porté par des acteurs impeccables et égalant les plus grands. Pour conclure, je me permets d'ajouter qu'Assassin's Creed est certainement entre de bonnes mains... En espérant néanmoins que Kurzel ne se soit pas fait broyé par la machine hollywoodienne et qu'il parvienne ainsi à garder sa patte graphique si singulière.


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le 23 nov. 2015

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