Ah ce monde merveilleux des médias télévisés !
Les médias de masse sont beaucoup trop souvent à la recherche de l'impressionnant et de l'inédit. De nombreuses images violentes ont été diffusée à la télévision au fil des époques par les mêmes médias qui dénoncent la violence du cinéma et des jeux vidéo. Pour n'en citer quelques uns, la mort de la petite Omayra, filmée jusqu'à son dernier souffle en Colombie, le plan large sur le corps sans vie de Daniel Rohrbough lors de la tuerie scolaire de Colombine, ou, plus récemment et chez nous, une chaine qui appelle un terroriste en plein milieu d'une prise d'otages en 2015 ( et puis Christine Chubbuck, Budd Dwyer, ...).
Revenons en au film en lui-même. Costa-Gravas dénonce avec une grande intelligence la manipulation médiatique des deux extrêmes : ceux qui ne veulent que montrer le bien et ceux qui ne veulent que faire du sensationnel. Les deux parties modifient tout aussi bien les propos des gens et ne vérifient pas l'information. Le film est tellement impressionnant et une tension forte y pèse pendant presque deux heures. Dustin Hoffman est juste passionnant, même si, son personnage joue aussi un rôle dans la désinformation permanente. Et puis, cette jeune journaliste, au début en quête de vérité, qui devient d'un coup sans scrupule est juste très bien écrite. Travolta surjoue un peu, mais il rend son personnage simplet et humain. Le méchant est très bien aussi, détestable à souhait. Puis les 15 dernières minutes sont juste extraordinaires et je ne m'attendais pas du tout à cette fin.
C'est une critique des médias de masse. Costa-Gavras ne se contente pas seulement de les dénoncer mais exerce aussi une parodie de ces derniers. Je pense par exemple à la scène où les journalistes montent à la fenêtre de l'hôpital pour filmer le gardien du musée, où encore lorsque qu'ils interrogent le meilleur ami de Travolta, meilleur ami qu'il ne connait même pas. C'est une dénonciation forte, et sans doute mon film préféré du réalisateur pour le moment.
Au final, c'est une dénonciation à la fois sérieuse et parodique, qui parvient à ne jamais être absurde.