Mad God
7.1
Mad God

Long-métrage d'animation de Phil Tippett (2021)

Mad God est un film muet, fragmenté, fleuve, bâti comme un récit d'exploration aventureuse flirtant régulièrement avec différents sous genres de l'horreur. C'est aussi un film sans protagoniste central, sans attache émotionnelle directe car la plupart de nos personnages seront muets, mutiques ou difformes. C'est en fait un film qui n'a rien d'autre à proposer que son univers. Un énorme univers, compilant divers facettes atroces de l'histoire humaine en les fusionnant avec du steam punk gore, du gothique flamboyant, du post apo sec... La générosité de ce film est sans limite, et en plus de ce voyage dans un inconnu flirtant régulièrement avec l'enfer (où certains sont les dieux des autres), la mise en scène s'attarde régulièrement sur la portée symbolique de ses visions. La faible valeur de la Vie, l'indifférence générale à la douleur d'autrui, le pouvoir d'infliger le mal par simple volonté ou désir... Le film se plaît à explorer les divers facettes de ce qui fait la divinité selon l'homme, la domination du puissant sur le soumis. La banalisation d'une situation asymétrique et constamment injuste contre laquelle rien n'est possible, appuyée par une bande son tournée vers le post rock et les mélodies planantes, typiques du genre post apocalyptique, dans un univers où tout est brisé et d'où rien d'autre que le chaos n'émerge.
Inattendu, fascinant, sans limite, ce film quasi expérimental proposant sans cesse de nouvelles visions possède également tous les défauts de ses qualités. Pas de personnage central : pas de conclusion satisfaisante. Des visions dantesques d'un enfer mécanique ? Nous avons le sentiment de trop vite quitter les différentes ambiances qui semblent sous exploitées. Un rytme planant et contemplatif ? Mou et mal équilibré pour certains spectateurs. Mad God ne cherche pas à plaire, il se livre tout entier et sans défenses. Ne serait-ce que pour ses qualités visuelles, ce projet singulier saura trouver un public amateur d'OFNI en quête de véritables visions infernales. Décidément, 2022 commence fort !

Voracinéphile
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2022

Créée

le 31 janv. 2022

Critique lue 1.3K fois

28 j'aime

1 commentaire

Voracinéphile

Écrit par

Critique lue 1.3K fois

28
1

D'autres avis sur Mad God

Mad God
Aude_L
5

Doing doing doing doing...

Mad God est une expérience, et ce n'est pas parce qu'on ne l'a subjectivement pas appréciée, qu'on ne vous recommande pas de la vivre. Au mieux, vous serez subjugué par ce mélange de sadisme assumé,...

le 8 avr. 2023

35 j'aime

Mad God
Voracinéphile
8

La divinité humaine

Mad God est un film muet, fragmenté, fleuve, bâti comme un récit d'exploration aventureuse flirtant régulièrement avec différents sous genres de l'horreur. C'est aussi un film sans protagoniste...

le 31 janv. 2022

28 j'aime

1

Mad God
Sergent_Pepper
7

Les ruines funèbres, fils du trépas.

Il est de certains projets qui sommeillent si longtemps dans un cerveau qu’on peut craindre de les voir confrontés au monde extérieur. Ainsi de ce Mad God, conçu dans les années 80 par Phil Tippet,...

le 29 avr. 2023

26 j'aime

Du même critique

Alien: Romulus
Voracinéphile
5

Le film qui a oublié d'être un film

On y est. Je peux dire que je l'avais attendu, je peux dire que j'avais des espoirs, je l'ai sûrement mérité. Non que je cède au désespoir, mais qu'après un remake comme celui d'Evil Dead, ou une...

le 14 août 2024

179 j'aime

48

2001 : L'Odyssée de l'espace
Voracinéphile
5

The golden void

Il faut être de mauvaise foi pour oser critiquer LE chef d’œuvre de SF de l’histoire du cinéma. Le monument intouchable et immaculé. En l’occurrence, il est vrai que 2001 est intelligent dans sa...

le 15 déc. 2013

102 j'aime

116

Hannibal
Voracinéphile
3

Canine creuse

Ah, rarement une série m’aura refroidi aussi vite, et aussi méchamment (mon seul exemple en tête : Paranoia agent, qui commençait merveilleusement (les 5 premiers épisodes sont parfaits à tous les...

le 1 oct. 2013

70 j'aime

36