Célèbre animateur de stop motion de "Star wars", "Robocop", co-inventeur du Digital Input Device (poupées pour captures de mouvement par ordinateur) pour "Jurassic Park", Phil Tippett est devenue au fil du temps une référence mondiale en matière d'animation, à l'image de ses mentors, Willis O'Brien et Ray Harryhausen.
"Mad god" est un projet de film personnel qu'il trimbale quasiment depuis ses tout débuts. Un projet maintes fois commencé et abandonné, qui traine dans son bureau ou dans son atelier. L'âge avançant, n'ayant plus rien à prouver et financièrement autonome, il va finalement reprendre son projet sous la pression de ses employés ayant découvert les images des anciennes tentatives avortés. Le tournage de "Mad god" va devenir une sorte de thérapie pour le vieil animateur, qui s'étalera petit à petit sur presque trois décennies. Un retour aux anciennes techniques d'animations dans lesquelles il exorcise ses démons dans une sorte de happening artistique, d'un film qui évolue par lui-même aux gré de ses inspirations.
En faisant un partenariat avec l'Academy of Art University, il invite les étudiants à participer activement au tournage, les laissant animer des personnages ou créer certains accessoires et décors, qui seront montés dans le film. Il transmet ainsi son savoir de "dinosaure" à une nouvelle génération fasciné par sa technique freestyle, loin des story boards figés habituels en animation.
Difficile de définir "Mad god". C'est un espèce de melting-pot cauchemardesque d'idées et de concepts bizarres. Un voyage initiatique sans véritable scénario où l'on va d'une étrangeté à l'autre dans un monde hostile proche de l'enfer. Un film très influencé par la bande dessinée SF psychédélique des années 70 (cf Jodorowsky et Moebius, Druillet, Casa, Liberator) et se finit par un trip sous acid à l'image de "2001 odyssée de l'espace". En France, le film sera projeté quelques mois après le film japonais "Junk head", autre projet d'animation stakhanoviste qui a beaucoup de point commun avec celui-ci.