On aura rarement vu film aussi violent. Pour son premier long métrage, Miller nous plonge dans un futur immédiat sinistre fait de violence, de mort et où tout espoir semble voué à disparaître. Récit d'une humanité condamnée à une lente descente aux Enfers, Mad Max éblouit, tétanise par tant de radicalisme. Au chaos d'un bitume faisant sien tout individu l'en approchant répond une figure maternelle, symbole vivace d'une alternative à cette démence épidémique. Mise à mort sur ces longues routes rectilignes sacralisées par la mise en scène, la cellule familiale de Max – symptomatique de l'état de la société – voit s'éteindre avec elle une ultime chance de rédemption, condamnant l'homme à une impasse, « Dead End ». Celui-ci mène alors une vie de guerrier solitaire exprimant sa pleine puissance – via l'affirmation de la symbolique phallique des véhicules à travers le dynamisme du montage et la mise en scène – par la vitesse et les vrombissements des moteurs.

Trop souvent réduit au statut de « film de vengeance », Mad Max tend avant tout à traduire la crainte d'une dégénérescence de l'humanité si celle-ci, dans l'absence totale d'institutions d'encadrement, s'attache à suivre et assouvir ses plus bas instincts. De cette affirmation outrancière de virilité et d'animalité résulte le chaos. Celui-ci est présent dès les premières minutes du film, alors que la seul forme d'autorité se trouve être entre les mains d'adultes aux attitudes et réactions puériles.

Le mal est partout. Max lui même y est sujet de manière inconsciente – voir les plans serrés et les cadrages désaxés de la poursuite introductive – aliéné au volant de son Interceptor, et ce jusqu'à la tragédie frappant Goose. C'est là qu'à lieu la prise de conscience, que se révèle la crainte de devenir l'un des acrobates de ce « mad circus out there », de n'exister plus que par / pour la route. À la deuxième partie – initiée avec l'accident de Goose et clôturée par la mort de Jessie – succède l'acte final que l'on connait, celui de la vengeance, froide, sauvage et implacable. Dans un plan final d'une noirceur terrible, Max, s'aventure – sous un ciel nuageux – sur une route sans fin venant sectionner une pleine désertique : désormais seul, il se dirige vers un monde où l'homme ordinaire n'a plus sa place.
Crockett
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le 4 août 2011

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