Aujourd'hui, tout le monde sait que P.T.A est un cinéaste talentueux. On pourrait même parler de génie cinématographique car peu de cinéastes peuvent se targuer d'avoir réaliser un film de cette ampleur, de cette puissance, à moins de trente ans. D'après Anderson, "des choses étranges arrivent tous les jours". C'est l'une de ces journées qu'il se décide à mettre en images. Résolument altmanien, Magnolia est un canevas sur lequel des destins d'individus s'entrecroisent; certains en quête d'affection, de rédemption, ou simplement de reconnaissance. Ils sont autant de pétales dépendant d'un centre névralgique les reliant tous. Une fleur, le magnolia, métaphore d'un ensemble de vies ayant leur indépendance mais, qu'elles le veuillent ou non, toutes connectées. Un enfant, une housewife en perdition, un gourou, un aide-soignant, un flic, une camée... soit au total neuf vies, neuf destins, ironiquement liés par une société de production télévisuelle dont le patriarche vie ses dernières heures. Au fur et à mesure que le temps se dégrade, le quotidien de ses individus vole en éclat et si les caméras des plateaux télés ne peuvent capter ces conflits sociaux, la caméra d'Anderson, elle, ne les manque pas. Avec la virtuosité qui lui est propre, le cinéaste talonne ses personnages, se place dans leur course en avant et enregistre les clashs successifs.
Magnolia est un monument de mise en scène. La maitrise est formelle et scénaristique. Tout est habilement agencé, tant et si bien que les trois heures ne film ne semblent en faire qu'une. Les acteurs sont tous excellents, de Cruise à Robards. Le score est sublime. Quel beau et grand film.