Pour parodier, il serait simple de tout résumer à une fille qui vole un camion rempli de top-modèles reproductrices et d'un passager clandestin, Mad Max, qui va au cours d'une longue course-poursuite bagnole custom ramener de l'ordre dans un monde post-apocalypse...
D'aucun l'ont fait, d'autres n'ont vu que ça, pourquoi pas.
Une longue course-poursuite, aller-retour vain, sans nuance.
“On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.” Antoine de Saint-Exupéry in Le Petit prince
Alors bien sûr, Mad-Max avance avec violence, sans nuance, d'une marche assurée, ferme, etc.
Tout pourrait se réduire au visuel, à l'imagerie en couleur marquante pour la version originale et black et chrome pour la version éponyme.
Il est si facile de descendre de manière argumentée un métrage merdique mais il semble plus difficile de montrer qu'un autre s'avère être un chef-oeuvre surtout un chef-oeuvre minimaliste comme Fury road.
Je tente ma chance, Alea jacta est, donc pour moi (et seulement moi et quelques autres) Mad Max : fury road reste une oeuvre minimaliste dans son propos, dans ses images, dans son fond, tout. Le contexte post-apocalypse apporte cette sécheresse du propos, des rapports, soustraits des fioritures de nuances futiles.
Tout doit et reste brutal, simple, rapporté à l'essentiel.
Je pourrais puiser dans une masse de symboliques faciles et faussement intellectuelle pour justifier mes propos, mais à l'instar du film j'irais à l'essentiel, dans le vif, la chair, l'os, sans gant, avec les doigts.
Prenons l'exemple de l'intro, Max est fait prisonnier, il tente de s'évader, parcours le dédale absurde du repaire des méchants, son esprit se bloque sur des flashs, des souvenirs, il est rattrapé et reviens où il était.
Cette scène pourrait être inutile, coupée au montage.
Pourtant, elle résume le film (l'aller/retour), la confrontation avec ses propres peurs plus importante que la masse des adversaires (les War-Boys).
Elle permet aussi de visiter les lieux (et donc comprendre les enjeux à venir), montrer l'abnégation des War boy, leur croyance dans leur tâche malgré la mort de plusieurs d'entre eux, etc.
Deux, trois minutes et on apprend tant, avec rien.
Chaque scène alors va être utile, ramassée, condensée à l'essentiel.
Ce qui est des scènes demeure pour les sentiments qui restent basiques, impulsés par la survie, l'essentiel, la conscience que la mort est proche et que les fioritures sont inutiles.
Les personnages ne sont pas parodiques, ils se résument à leur base, à leur instinct, à l'essentiel. La proto-religion des War-boy leur permet d'appréhender les moments clefs tel la mort. Le plan de Furiosa ne prévoit pas d'imprévus. Max ne veut que s'enfuir, vivre l'instant, sans savoir, prévoir.
Le récit revient à des bases simples, l'aller retour, tant pratiqué dans les textes antiques comme l’Iliade, les épopées bibliques, etc.
Certains pourrais noter des incohérences dans le récit, il en existe, comment les filles sont rentrés dans le camion ? Quand mange-t-il ? Pourquoi les groupes des méchants les attendent dans le désert ? Et autres trucs triviaux, mais en réalité, la narration se conforme qu'avec les enjeux majeurs et simples, la suspension de la crédulité marche à fond, car il s'agit d'un récit édifiant, pas d'une histoire réaliste.
Il s'agit de servir un propos simple, faut-il s'interposer face à l'autorité, quelle est la limite même religieuse de nos croyances, vivre pour soit peut-être satisfaisant, etc.
L'histoire ne prétendant pas correspondre à une réalité tangible, matérielle, il convient alors d'admettre les paraboles du récit malgré quelques lacunes.
L'importance devenant de travailler ces diverses problématiques, sans apporter de réponses définitives mais de laisser le spectateur face à la débauche visuel plus que la simplicité de l'apparence.
Repartir avec des devoirs à la maison doit souvent être le but de toute oeuvre, si minimaliste qu'elle soit.