Je ne l’avais pas revu depuis sa sortie et à l’époque, ce film avait été une véritable déflagration. On ne sait plus très bien ce qui a rendu ce monde invivable. On ne sait plus si c’est la raréfaction des ressources en énergie et en eau ou si c’est une guerre nucléaire. En tout état de cause, l’homme n’y est pas pour rien et dans sa destruction du monde, il a aussi anéanti la route, celle que Max, policier vengeur arpentait dans le tout premier épisode de la saga en 1979. Et quand il n’y a plus de route, il n’y a plus d’espoir. Sans chemin, les véhicules s’embourbent dans des marais toxiques ou s’ensablent dans des dunes qui paraissent infinies. Au loin, derrière le décor, il doit y avoir un paradis vert et c’est là que nos personnages veulent aller. Ils sont un un prisonnier exploité pour son sang, des femmes jeunes et belles, matrices de la descendance d’un gourou omnipotent, un soldat kamikaze repenti et une femme qui rêve. Ils ne savent pas où ils vont mais imaginent le parcours. La seule route qui subsiste est celle empruntée par un pouvoir totalitaire qui en maîtrise le trafic. Sortir de cette route c’est donc sortir du système. Par définition, ce pouvoir autoritaire presque divin n’aime que ce qui est prévisible. Et qu’y-a-t-il de plus prévisible qu’une route isolée dans le désert ? Ce monde nous montre donc qu’un univers sans route est voué à la violence et à la simple survie parce qu’il n’a nulle part où aller et parce que le Bien ne paie pas à court terme. Il nous montre aussi que pour symboliser la liberté, les routes doivent être multiples, que les chemins doivent se croiser et se subdiviser. En fin de parcours, ce Mad Max nous suggère que la liberté n’est pas à aller chercher dans un pays imaginaire mais elle est à conquérir là où on est. Voilà pour le riche contenu sémantique de ce bijou fiévreux. La traduction visuelle de tout ça ne laissera pas indifférent tant l’excès est de mise. Dès la première séquence, on est collé au siège et aucun répit ne viendra sauver notre petit cœur avant la fin de ce trip pétaradant. Le montage frénétique est réellement démentiel, les couleurs nous sautent aux yeux et la poussière nous prend la gorge. Le numérique est présent mais il n’envahit pas l’écran et on applaudit devant le feu qui brûle et la tôle qui se froisse, se tord, s’entrechoque. Perdus dans cet enfer de sable et de chrome, Tom Hardy et Charlize Theron (et Nicholas Hoult !) font des merveilles. Véritable bombe visuelle donc, ce Mad Max était et est toujours un joyaux, un miracle à chérir. A noter qu’une version dite « chrome » en noir et banc est sortie quelques temps plus tard, pas inintéressante mais à mon sens, elle ôte un peu de la magie du film.