Je vais répéter ce que beaucoup ont déjà dit : de l’introduction jusqu’au générique, je ne me suis pas ennuyé un seul instant, c’est de loin le meilleur film d’action que j’ai pu voir, depuis un long, long moment, et je meurs d’envie de le voir à nouveau.
Si on retrouve ici le désert post-apocalyptique, l’humanité charognarde et les courses-poursuites enragées de véhicules déglingués et poussiéreux si chers à George Miller, le portrait ici dépeint des restes de la société est plus que jamais torturé et terrible, car du haut de son imposante Citadelle, surplombant une nuée d’esclaves misérables, endoctrinés et marqués au fer, Immortan Joe est élevé au statut de Dieu, et démontre son pouvoir, déversant à l’occasion de cérémonies (qu’on imagine plutôt rares) quelques litres de son précieux « aqua cola » sur une marée primitive assoiffée et reconnaissante. Avec ses War Boys vouant un culte aux cylindres et à l’essence dans un improbable bouillon de mythologie nordique, d’adoration à la société de consommation et à l’automobile, Joe pourrait presque faire passer la légion d’Hummungus pour une gentille petite bande de clampins folklorique.
Très vite, l’introduction s’efface et l’action est centrée sur Charlize Theron, méconnaissable. Je dois l’avouer : j’avais très peur en la voyant faire partie du casting, me rappelant d’un sombre étron nommé Prometheus et du médiocre Aeon Flux. Pourtant, j’ai quasiment eu l’impression de la voir dans son premier « véritable » rôle, dont elle a profité pour s’élever brutalement au rang de l’une des héroïnes les plus badass de l’histoire du cinéma d’action, aux côtés de Sigourney Weaver et Linda Hamilton. Mon seul demi-regret, c’est finalement d’avoir l’impression de ne pas avoir assez vu Max et sa vie de vagabond, thème qui était pourtant assez présent dans le second film. En bon limier sauvage et mortel, celui-ci forme un duo assez atypique avec Furiosa, que j’ai eu le plaisir de ne pas voir se transformer en une énième « conquête du héros » reléguée au second plan et tout juste bonne à le mettre en valeur. Elle reste le leader, tandis que Max, hanté par ses souvenirs, regagne peu à peu un semblant d’humanité.
Le film est une véritable tuerie, sous tous les sens du terme, mais sans pour autant verser dans le gore excessif et gratuit. Les personnages eux-mêmes sont réussis, même charismatiques, et s’affrontent à pleine vitesse à grand renfort de flingues en fin de vie et de javelots explosifs, passant de véhicules en véhicules avec des sortes de perches géantes tandis que la mort frappe inlassablement, parfois même avec humour, un humour cruel et bien intégré, et que je n’avais plus vraiment l’habitude de voir dans les grosses productions hollywoodiennes...
... qu’il s’agisse du vocabulaire des War Boys presque touchant de stupidité, construit pour décrire des machines qu’ils vénèrent et ne comprennent qu’instinctivement, du « tambour de guerre » endiablé de cette horde sauvage, pourvu d’une guitare électrique cracheuse de flammes et équipé d’énormes caissons,
à la séquence nocturne sur fond de Dies Irae, et au War Boy promis à la gloire au Valhalla par son Dieu, renié moins d’une minute plus tard alors qu’il se vautre lamentablement en tentant d’atteindre sa cible.
L’action se termine...
... avec une Furiosa victorieuse et particulièrement mise en valeur, tandis que Max s’efface et continue sa route.
Un plaisir, du début à la fin, un véritable carnage, où seule la première séquence de course-poursuite s’est peut-être avérée un peu trop étirée, sans une minute pour souffler.