Quatrième volet de la série Mad Max.
Une dimension que je n'avais pas forcément en tête, c'est l'étalement dans le temps des films. 1979, 1981, 1985 puis un saut de 30 ans à 2015. Une génération …
En termes de scénario, il y a quelque chose d'étonnant. Minimaliste dans le 1, plus élaboré dans le 2, il devient même ambitieux dans le 3 puisqu'il y a, à mon sens, une réflexion sur les diverses options qui s'offrent à l'humanité en perdition. On pouvait donc s'attendre à ce que ce nouvel opus creuse un peu les directions prises dans le 3 d'autant que l'option "mondes des enfants et espérance en un monde meilleur" m'avait paru un peu inaboutie et aurait mérité d'être développée. Eh bien, non, le 4 revient en arrière, façon de parler … Je veux dire par là que l'humanité a encore régressé car un holocauste nucléaire a désertifié la Terre et fait apparaître des êtres mutants de demi-vie. Elle ne se résume plus que dans une foule miséreuse assoiffée et affamée dépendant du bon vouloir d'un dictateur absolu Immortan Joe soutenu par des War Boys. De cette citadelle, une femme, Furiosa, qui est un officier supérieur, décide de fuir avec le harem d'Immortan Joe (les pondeuses) pour se réfugier dans le pays, une oasis, où elle est née vingt ans auparavant. Le scénario se résume en une longue poursuite du convoi de Furiosa par l'armée d'Immortan Joe. Au convoi de Furiosa, se joignent Max devenu une "réserve de sang" et Nux, War Boy maladif relié par une perfusion à Max.
Si j'essaie de prendre un peu de recul sur ce choix de scénario, je me demande dans quelle mesure George Miller n'a pas pris acte du moindre succès de l'opus 3 (qui était à mon avis plus ambitieux) en privilégiant, cette fois, le choix d'une société définitivement violente et sans espoir avec une part plus importante de cascades de voitures, de poursuites, de combats, etc …
Le résultat est une véritable débauche d'images dans cette course-poursuite de deux heures avec une musique indissolublement liée à l'action comme je l'ai rarement vu. Les véhicules crachent le feu, les moteurs sont directement dopés par un homme juché sur le capot injectant un carburant dans l'admission d'air. Un véhicule "orchestre" avec un percussionniste qui donne le tempo sur d'énormes tambours et un guitariste suspendu par un élastique qui émet des riffs rageurs (genre punk) avec une guitare démente qui crache le feu. S'instaure un dialogue entre bande-son et véhicule-orchestre où la musique n'accompagne pas l'action mais est dans l'action. Débauche aussi d'imagination dans le style des véhicules tous plus improbables les uns que les autres avec des carrosseries reconnaissables (Mercedes ou Ford) juchées sur d'énormes roues. Travail important aussi dans les décors, les costumes et aspects physique des gens que ce soit les War boys ou les chefs. On est dans une continuité et une progression de mise en scène entre les différents Mad Max.
Ce qui m'a aussi marqué dans les choix des costumes que l'on retrouve dans les dialogues, ce sont les références aux antiques mythologies. Les War Boys, de la véritable chair à canon, n'ont qu'un objectif, celui de gagner leur place au Valhalla promis par Immortan Joe. Mais on va encore me trouver obsédé si je dis que certaines postures, certains costumes (les habits blancs des épouses du harem d'Immortan ou les War Boys torse nu), certaines armures (celles d'Immortan) renvoient aux images des héros grecs antiques tels qu'on les voit sur des vases … Mais je pense aussi à ces civilisations nées dans les déserts assyriens ou sumeriens construites à travers des cités-États indépendantes. D'ailleurs les tatouages sont curieusement cunéiformes ...
En ce qui concerne la distribution, celle qui interprète le rôle de Furiosa, Charlize Theron vole indubitablement la vedette à tout le monde. C'est elle qui mène le film. Énergique et obstinée, elle montre parfois quelques fragilités et même, un peu d'émotion. Elle marque l'esprit du spectateur par la force et l'empathie qu'elle dégage. J'aime bien le successeur de Mel Gibson, Tom Hardy, dans le rôle de Max. Il est bien le chevalier solitaire, ancien flic devenu "réserve de sang", hanté par le souvenir de sa petite fille qu'il n'a pas su protéger. La scène du "réveil" dans le sable est magnifique. Il me semble parfait dans ce rôle de combattant solitaire qui s'effacera tranquillement une fois la victoire acquise.
Le personnage de Nux, War Boy ou kamikasseur comme le considère une des épouses, est troublant et pathétique dans l'absence d'avenir à part celui de gagner le paradis de la chair à canon méritante. L'interprète est un certain Nicolas Hoult.
Et puis, pour finir, le méchant Immortan Joe est interprété par Hugh Keays-Byrne, qui avait déjà sévi dans le méchant Toecutter du premier Mad Max.
Personnellement, j'ai bien apprécié ce film, ce road-movie, qui fait le choix d'un véritable festival sonore et visuel aux dépends du scénario plutôt simpliste si je le compare au précédent Mad Max 3.
Reste à voir le cinquième opus qui, d'après ce que j'ai compris, s'intéresserait plutôt au passé de Furiosa …