Mad Max est une branlée. Le genre de film qui vous passe à l’essoreuse et qui, deux semaines plus tard, vous hante encore. Oui, la dernière œuvre de George Miller est bonne à ce point. La bonne question, dès lors, n’est pas de savoir si vous devez aller le voir, mais quand.
Max, guerrier solitaire d’un monde dévasté qui peine à survivre, se fait capturer par les Warboys d’un certain Immortan Joe, vieux seigneur de guerre tyrannique qui a construit son petit monde (d’)après les ruines. Avec sa religion – détournement de mythes d’un ancien âge -, son économie – basée sur l’appropriation des biens par une minorité -, ses héros – où la force et le sens du sacrifice prévalent -, et sa hiérarchie – lui, en somme -. Toute ressemblance avec un monde connu étant purement fortuite. Le héros éponyme va se retrouver, bien malgré lui, pris dans une course poursuite motorisée à travers le désert hurlant pour tenter de rattraper Furiosa, gradée de l’armée d’Immortan Joe ayant fait défection pour libérer les esclaves favorites de ce dernier.
Le schéma classique de Mad Max donc : un personnage solitaire qui n’a rien demandé, qui aide par nécessité, s’en prend plein les dents, puis accepte sa destinée de héros pour chercher son accomplissement dans les autres. Une vieille recette, un remake/reboot d’une licence glorieuse du début des années 80 ? Il pourrait s’agir de cela. Mais non. Car il s’agit de Georges Miller. Qui fait une suite parce qu’il en avait l’envie et les idées. Dans une industrie qui semble gangrénée par le manque d’originalité, le fric facile, l’adaptation à outrance, le repompage de licence, le génie vient nous expliquer ce qui compte vraiment : l’intention, la vision, le scénario, la réalisation. Tout le reste n’est accessoire. Pourquoi pas un reboot/remake/séquelle/préquelle, tant qu’on a une idée et qu’on s’en donne les moyens. Ainsi, il dresse ce qui semble être une exception au box-office, mais qui devrait être une nouvelle norme.
Car le film est assez bon pour être ceci : une base, un exemple à suivre. Son parcours n’a pas été simple : trente ans d’attente, un tournage chaotique, une post-production interminable. Mais que voulez-vous, il faut se donner les moyens de ses ambitions. Car Mad Max, c’est avant tout un tournage en décors réels, le moins de CGI et fond vert possible. Pour un résultat à la hauteur de nos espérances : le plus gros « never seen before » depuis Matrix (merci Johan). Des mouvements de caméra à couper le souffle. Un acting au firmament, qui ne s’embarrasse pas de monologues à rallonge pour faire monter la pression. Des enjeux, un film qui se suffit à lui-même, avec une action épique à souhait. Le scénario n’oublie pas d’être visuel pour pouvoir aborder des thèmes passionnants, dans un univers d’une richesse folle. Plus que le script, le story-board mène le convoi de métal et de chair sur un rythme effréné, bien aidé par une OST endiablée que l’on peut se passer en boucle.
« Le film, c’est que une grosse poursuite quoi ». Oui, le cinéma n’est qu’un voyage. Une expérience qui nous transporte. Fury Road synthétise tout cela à la fois. Ce n’est pas sa limite. C’est sa grandeur.