Mad Max : Fury Road est de ces films à même de vous faire saliver d'envie en un simple teaser, le premier trailer rendant compte du phénomène à venir m'ayant fait l'effet d'une claque ; pourtant relatif néophyte vis-à-vis de la trilogie originale (visionnage éparse), cette découverte pareille à un électrochoc entraîna ainsi une attente conséquente, la perspective d'assister à une folle course-poursuite au style graphique léché pesant grandement dans la balance.


Cette quatrième apparition de Max Rockatansky, comptant parmi les plus fameux anti-héros ayant animé le grand écran, marquait par la même occasion le retour de George Miller, alors en perte de vitesse, à ses premiers amour ; papa de l'un des plus éminents univers post-apocalyptique, tout semblait annoncer une renaissance fantastique empreint d'un souffle de modernité salvateur pour ce dernier Mad Max, d'autant qu'un casting aguichant serait de la partie.


Au sortir de longs mois d'attente et d'une lutte acharnée contre tout spoil supplémentaire, l'heure vint pour Fury Road de se dévoiler... patience récompensée ? Oui, oui et encore oui !


Beaucoup ont qualifié le long-métrage de renouveau du blockbuster, et je tendrai à approuver cela ; disons que ce Mad Max redonne brillamment ses lettres de noblesse au film d'action en général, dont l'essence même de ce genre phare (voici quelques décennies) anime Fury Road de bout en long.


En ce sens, l'intrigue est fort simpliste de prime abord, la course-poursuite promise constituant la quasi totalité du long-métrage et pouvant être schématisée aisément (départ du point A jusqu'au B, puis retour au point A) ; mais là où l'on aurait pu craindre une trame dénuée de fond et un rythme infernal en guise de leurre, Fury Road s'avère aussi enthousiasmant que malin, de quoi renvoyer au placard la pléiade de blockbusters sans âme que l'on nous sert à tour de bras.


Il faut dire que celui-ci n'y va pas avec le dos de la cuillère, l'introduction annonçant derechef la couleur au terme d'une première course-poursuite écourtée, puis d'une renversante échappée... avortée de nouveau ; bienvenue dans l'enfer de Max en somme, qui va se trouver mêlé bien malgré lui à la trahison de Furiosa, cette impératrice du tyrannique Immortan Joe lui ayant dérobé des biens on ne peut plus précieux...


Si un soupçon d'anarchie et de chaos teinte le magnifique tableau qu'est ici le désert du Namib, le long-métrage n'en demeure pas moins savamment maitrisé dans son déroulement, la simplicité de la trame brillant d'un rythme aussi constant qu'infernal ; autrement dit, aucune redondance à l'horizon fort de péripéties excellentes venant parsemer à merveille ce grand et furieux fracas mécanique qu'est Fury Road.


Par ailleurs, le tout s'avère réjouissant tant ce Mad Max tient toutes ses promesses dans la forme : entre cascades vertigineuses et photographie sublime, George Miller a réussi son pari de mettre de côté les habituels fonds verts de ce type de production ; dès lors, sa mise en scène s'imprègne d'un réalisme impressionnant en l'espèce, tandis que la BO rock & roll et dantesque de Junkie XL parachève l'impact de cette épopée grisante.


Pour en revenir à l'intrigue elle-même, Fury Road peut surprendre en ce qui concerne la place occupée par l'iconique Max Rockatansky, dans la mesure où il s'efface bien souvent au profit de Furiosa ; pas de désappointement en ce qui me concerne, le procédé soulignant efficacement la psychologie marquée du protagoniste sans que cela ne devienne redondant (le film n'use pas de ses tourments à tort et à travers), tout en faisant écho à cette teneur chaotique si palpable.


Ceci trouve donc son sens avec l'alliance fortuite formée par Max et Furiosa, l'ancien policier agissant pendant une grande partie du film comme l'anti-héros espéré, mais des résurgences de son charisme et humanité vont peu à peu apparaître pour mettre en lumière son évolution... sans (heureusement) virer au format du héros providentiel (il reste suffisamment badass).


Ce choix est d'autant plus appréciable que Furiosa crève encore mieux l'écran, telle le fer de lance d'un propos féministe intelligent ; partageant l'affiche avec Tom Hardy (digne successeur de Mel Gibson), Charlize Theron excelle en tant qu'impératrice, son rôle à la prestance bien établie et à l'apparence marquante nous enchantant de bout en long, notamment du fait d'un background intrigant.


Il convient par la même occasion de chanter les louanges de Hugh Keays-Byrne, dont l'allure et le regard d'acier seuls auront donné vie à un antagoniste mémorable, ainsi que le fameux casting, entre un Nicholas Hoult sympathique et de bien charmantes épouses (Huntington-Whiteley, Riley Keough ou encore Zoë Kravitz).


Bref, sans oublier de bien amusants détails composant la bonne parole d'Immortan Joe, on peut conclure en disant que George Miller a parfaitement renfilé sa casquette de réalisateur visionnaire, celui-ci donnant un coup de neuf tenant de la renaissance à son emblématique Mad Max ; Fury Road n'aura donc pas manqué de chambouler le paysage aseptisé des blockbusters d'action modernes, car étant doté d'un univers visuel renversant à souhait et d'une trame remplissant avec la manière son office.


Tom Hardy, parfait en solitaire peu bavard, se sera fendu d'une interprétation irréprochable, tandis que l'idée de retrouver dans un prochain volet la charismatique Furiosa (et Charlize Theron) ne serait en rien déplaisante...

NiERONiMO
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le 24 juin 2015

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