Trente ans après le premier Mad Max qui posait les jalons d’un univers post apocalyptique où le chaos et la folie menacaient l’ordre et la vertu, George Miller, réalisateur visionnaire, remet la gomme pour ce nouvel opus de la saga Mad Max.
Dans ce Mad Max quatrième du nom, on se retrouve embarqué dans un monde dystopique où les richesses les plus convoitées sont la propriété d’une élite. Le début commence fort avec d’un côté Max qui se fait attraper par les fous du volant et de l’autre côté une Impératrice Furiosa qui se barre de la Citadelle avec les « pondeuses » du méchant du film : Immortan Joe.
Mad Max Fury Road envoie la purée durant deux heures à l’aide de scènes de courses-poursuites non-stop dans des paysages désertiques jusqu’aux joutes sur les monster trucks et autres poids lourds de la route. Le rythme effréné de cette implacable poursuite contribue à garder le spectateur dans le film tout en faisant avancer les enjeux. Ponctuées de quelques pauses bienvenues qui permettent de faire respirer le film (autant que le spectateur), Miller laisse alors le récit s’installer et le convoi repartir de plus belle vers une destination caduque. Illusion d’un espoir rémanent dans l’optique de trouver une terre d’accueil qui au final se trouvera être le point de départ de toute cette épopée.
Ce quatrième opus s’inscrit dans la même veine que Mad Max 2 Le Défi avec un univers post apocalyptique bien ancré, où les dernières denrées disponibles (l’eau, la nourriture, l’essence) sont la possession d’un groupe d’individus qui imposent leur diktat à la populace. La folie des Hommes s’est ancrée dans la réalité et est omniprésente à l’image de Furiosa et de ses poursuivants qui n’hésitent pas à pénétrer dans ce haboob de sable. Cette folie incarnée par Nux (excellent Nicholas Hoult), obnubilé par un Valhalla qu’il cherchera à rejoindre au prix de pulsions suicidaires dans la tempête de sable avant de trouver son véritable paradis dans les bras d’une des réfugiées.
Max apparait, lui, comme un personnage assez mutique tout au long du film, ses dialogues se dénombrent au compte-gouttes. Relégué au second-plan par les velléités de fuite de Furiosa, il n’est qu’un engrenage qui se met au service de cette formidable épopée menée par Furiosa pour se délivrer du joug d’Immortan Joe et se mettre en quête d’une terre promise et accueillante.
Tom Hardy qui incarne Max Rockatansky livre ici une de ses meilleures prestations en tant qu’acteur. Sans esbroufe et avec un jeu assez mesuré autant par la parole (grognements durant le premier quart du film puis de maigres dialogues par la suite) que le geste (ses premières prises d’initiatives et coups d’éclat n’apparaissant que dans la seconde moitié du film), Hardy arrive à imprégner sa marque sur la franchise. Son déficit de charisme en comparaison de Mel Gibson est compensé par une voix grave, forte, profonde (remember The Dark Knight Rises) qui fait écho au côté meurtri du personnage. Ce trait du personnage est rappelé à travers de nombreux flash-backs, où l’on voit sa fille appeler à l’aide, démontrant que ce dernier est encore en proie avec ses démons. Rockatansky partage la vedette (se la fait même voler !) par une Charlize Theron en état de grâce, incarnant une Furiosa dont le leitmotiv tout au long du film est de sauver les captives d’Immortan Joe. Elle-même ayant été enlevée durant sa jeunesse et gardant en elle le souvenir d’un déracinement brutal.
Pour être réussi, un film d’action se doit d’avoir un méchant hors-normes dont les ambitions, le charisme et la présence à l’écran se font sentir ; dictateur de la Citadelle, magnat du pétrole, pilote chevronné d’engins surdimensionnés : Immortan Joe remplit très bien le job. Bien qu’il ne soit pas très vivace, son imposante carcasse à l’écran nous rappelle à son bon souvenir autant que par sa respiration saccadée.
Véritable concert mobile incarnée par le guitariste dont l’instrument crache des flammes et les tambours qui donnent la cadence, le convoi d’Immortan Joe fait montre d’une barbarie et d’une sauvagerie inconditionnelle.
La beauté visuelle de ce Mad Max est aussi à souligner tant l’ensemble est bluffant à l’image du haboob de sable dont les nuances rougeâtres et orangeâtres sont sublimes à l’écran et encore plus avec la 3D.
Ajoutez à cela une bande-son du tonnerre signée Junkie XL (Divergente, 300 Rise of an Empire) qui relance un vent de folie autant qu’un souffle épique, incarnée par le morceau Brother in Arms dont la puissance remet en tête les courses-poursuites complètement folles du film.
Mad Max Fury Road est un monstre à la carrosserie rutilante dont le rythme effréné vous fera tenir à votre siège durant deux heures sans pour autant voir le temps passer.
Plus qu’une référence du film d’action post 2000, Mad Max Fury Road est entré au Panthéon des films post-apocalyptiques.