Au fond ce Mad Max (remake, reboot, suite, j'en sais foutrement rien car à vrai dire j'avais pas aimé le 1 et pas vu les deux autres), c'est sans doute la seule épopée post-apocalyptique avec Snowpiercer depuis belle lurette. Depuis Matrix peut-être, même si en soi ce Mad Max n'invente rien esthétiquement parlant.
Mais c'est un vrai road movie d'action quoi, brut et brutal, sale et jouissif, épique, épique et colégram (pardon). Le spectacle d'un univers aussi schizophrène et unique est en fait tellement rare qu'il vaut à lui seul le détour. Un putain de film de course-poursuites de presque 2h où chaque seconde fait frémir notre pouls, où on a envie de sortir le couteau de sa poche, de le brandir en criant le plus fort possible et de sauter sur son voisin. Ou de faire de la guitare, c'est cool la guitare. Mad Max, c'est la tribalitude ultime, celle qu'on voit rarement aujourd'hui et qu'on risque de ne pas voir très souvent par la suite. Un film de gros bourrin où les femmes ont enfin une place, c'est aussi utile de le préciser.
Alors pourquoi "que" 8 ? Car au-delà de quelques poncifs
(légère romance entre le War Boy et une "femme-ventre", flashbacks épileptiques vus et revus, moments de pauses psychologiques)
qui restent relativement anecdotiques et excusables, le scénario reste malgré tout assez simple et surtout sans grand sous-texte psychologique, social ou métaphysique. Bien sûr, il y a une dimension sociale, mais qui a largement déjà été exploitée dans d'autres films et dont Mad Max n'offre pas de nouvelle alternative. Encore que, peut-être qu'il y aurait quelque chose à extrapoler d'une critique de la surproduction d'aujourd'hui...
Mais après tout, ce n'est pas là l'objectif de Mad Max, qui cherche avant tout à offrir une aventure boostée à la nitroglycérine. Non, ce que le film ne fait pas et qui aurait pu l'élever au rang de film-phare des années 2010, c'est le manque de nouvelle grammaire cinématographique. Les plans sont magnifiques, le montage est soigné et beaucoup plus réussi que la plupart des films de poursuites, mais j'aurais adoré voir une grammaire adapté à l'univers schizophrène du film. Un montage brut, des cadrages qui surprennent vraiment. Malheureusement, de ce côté-là Mad Max reste assez "classique", même si une utilisation de légers accélérés à divers moments (notamment au début) m'ont agréablement surpris et auraient pu être plus poussés sur l'ensemble du film. Par contre, point noir sur le très grossier plan numérique de "la guitare et du volant" qui viennent au premier plan de manière franchement grotesque et moche, bizarre tant le reste est juste parfait.
Mais ne croyez pas que parce que je vous quitte sur le point négatif (je fais souvent ça, car je préfère commencer par l'enflammade, c'est plus sympa), c'est cet état psychologique qui m'est resté en sortant du film. Loin de là. Et je ne sais pas si Mad Max aura réellement une postérité dans le cinéma (ce dont je doute, mais on peut toujours espérer), mais en tout cas il semble peut-être confirmer le retour progressif d'un vrai cinéma d'action d'auteur, qui se fait rare tandis que les Wachowski semblent tourner au vinaigre et que Spielberg n'a plus l'air de faire de ce pain-là.
En tout cas, Mad Max partage avec Snowpiercer ce même goût pour la fuite en avant vers un univers inconnu, dernière et seule solution contre la misère sociale. Problème : quand on arrive au bout, que faire à part revenir en arrière ?