Pourquoi Mad Max est-il si bon ?
Peut-être peut-on commencer par ce que Mad Max n’est pas : il n’est pas un de ces films qui répète le canevas des films d’actions au final assez répétitif. Il n’est pas un de ces films qui répète les mêmes types de cascades devant des fonds verts différents. Il n’est pas un de ces films qui se donne des airs sérieux pour au final raconter une intrigue si faible et banale qu’on n’a même pas envie de s’y intéresser. Il n’est pas un de ces films qui fait semblant d’offrir des héros torturés aux états d’âmes vus et revus. En un mot, Mad Max n’est pas un film qui insulte l’intelligence du spectateur.
Certaines des meilleures histoires et des meilleures actions se résument à la plus simple des intrigues : le Coyotte essaie d’attraper Bip Bip, le chevalier sauve la princesse, le méchant essaie de tuer les gentils. Il n’est pas nécessaire de rajouter des centaines d’intrigues et de pseudo-enjeux si notre argument le plus simple est traité correctement et avec style.
Mad Max est donc Coyotte et Bip Bip, avec plus de flingues, plus de tuning, autant d’explosions et de caractère, un moins d’humour d’humour certes, mais une imagination débordante. Il est savoureux de voir un réalisateur qui ne fait pas des scènes d’actions comme on ferait un refrain, mais qui s’investit pleinement pour que leur réalisation soit si dense, si fourmillante de détail que ce sont ces courses poursuites effrénées qui créent l’intrigue.
Les véhicules de guerre assemblés racontent une histoire et une culture violente parfaitement digne du style post-apocalyptique, le début du film nous fait découvrir à 100 à l’heure un système politique et économique complet sans une seule ligne de dialogue, mais qui au final, donne tout son sens à la course poursuite. Chaque segment de Fury Road sait proposer quelque chose de neuf à l’écran. Tout n’est pas facile à suivre, mais on est parfaitement embarqués. Bref, on est dans un univers complexe, cohérent, exigent, tout entier mis au service d’une action savamment orchestrée.
C’est sans oublier des personnages de cinéma enfin émancipés des dialogues banals et fatiguant des blockbusters. Nos personnages ne parlent pas beaucoup, mais un « What a Day, what a lovely day » suffit à traduire toute la folie dégénérée d’un personnage. Un autre « you can’t run away for hope, you need to fix what’s broken » suffit à remplacer les sempiternels discours de guerre et autres pleurnichantes déclarations de rédemption. Même le grand méchant de l’histoire ne se perd pas en monologue inutiles, et on peut même penser que sous son masque effrayant, ce chef de guerre classique est en fait tout ce qu’il y a de modéré. Enfin, on se sent tellement bien à voir des personnages féminins traités comme des héroïnes d’actions correctes ! Elles sont dénudées mais le film n’est jamais voyeur, elles sont fortes et mènent l’intrigue. Pour une fois, ce sont les hommes qui sont réduits à leur dimension la plus simple.
Au final, tout est si parfaitement orchestrée que l’on jouit face à un film tout entier offert au spectateur pour que l’on s’engouffre avec ces personnages comme copilote plutôt que comme simple public. Le film est nommé Fury Road, mais pour le public cinéphile ou simple spectateur, il s’agit surtout de la route de l’ivresse de l’action!