Autant y aller directement, je ne suis pas de la génération Mad Max des années 1980, je n'ai pas eu l'occasion de regarder un épisode avant celui-ci.
Ce qui est frappant, avant d'aller voir le film c'était l'aspect fédérateur qu'il y avait autour du film. En fait, pour la catégorie de spectateurs qui est visée par le film (soit les 15-35 ans avec des yeux) toutes les productions "blockbusterisées" devrait au moins parvenir à créer ce type d'émulation. On peut le constater avec Avengers 2, ce n'est pas toujours le cas .
Le film, joue la carte d'une mise en abîme de l'actualité assez forte, Immortan Joe campe un Al-Baghdadi post-apocalyptique, escorté par sa horde de fanatisés à qui il promet un paradis s'ils se sacrifient pour son bon plaisir. Max, personnage tourmenté par la perte de ses proches, donne au personnage un aspect complexe, lui retirant son aspect monolithique pour devenir une sorte d'électron libre poursuivi par le système. Les personnages féminins occupent la plus large place dans le récit. Les favorites du tyran Immortan Joe, s'évadent avec l'aide d'Imperator Furiosa,
enlevée à sa famille durant son enfance
. Armées, malmenées physiquement, les femmes sont ici loin des demoiselles en détresse communes aux autres grosses productions. Elles sont plus exposées que les personnages masculins qui sont aux prises avec leurs propres problèmes. Ce qu'on voit apparaître dans le film, les femmes sont les poumons de l'histoire les hommes servent de renforts. Les personnages masculins ont même les problématiques qui étaient considérées comme inhérentes aux femmes
notamment la question de la "garde de l'enfant" lorsque Immortan pleure la perte de son fils.
D'un point de vue du discours que tient le film, il ne tombe pas dans l’écueil altermondialiste guimauve même s'il tend à flirter avec à certains moments.
Dans ce qui concerne l’esthétique, prosternons-nous devant George Miller qui essayé au maximum de mettre les effets numériques au placard. Enfin un film grand public qui travaille ses cascades et qui essaye d'innover dans le domaine. Ça donne une bonne dynamique dans les scènes d'actions, ce qui permet de trancher avec les combats qui servent d’exutoire à la violence de l'univers du récit, en témoigne la rencontre entre Max, Imperator Furiosa et les épouses. Un autre point intéressant sur la forme esthétique est le travail apporté aux objets et tenues toutes bricolées, endommagées, rapiécées... Ce qui permet de trancher avec les éléments aseptisés des décors futuristes communs. Enfin, le soin accordé à la musique particulièrement à l'intradiégétique avec les solos de guitare qui sont totalement assumés dans la réalisation ce qui s’intègrent bien dans les scènes où ils sont présents. D'une manière générale, le score musical est travaillé de façon à apporter du plus à l'image et pas simplement un aspect purement utilitaire.
Mad Max: Fury Road s'impose comme une véritable bouffée d'air frais dans le monde des blockbusters qui tendent à s'éloigner de plus en plus des autres productions plus modestes. Avec 100 000 000 $ de moins au budget que son concurrent au box office qu'est Avengers 2. Mad Max montre qu'il est possible d'être inventif dans la réalisation et dans l'écriture, de s'affranchir des clichés sexistes sans tomber dans la parodie, du grand spectacle sans tomber dans le recyclage... Bref, le film synthétise ce qui devrait être la norme dans chaque blockbuster proposé au grand public.