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Netflix, Amazon : dépotoirs du cinéma français

Le titre de cette critique est volontairement un peu provocateur, mais reflète tout de même un sentiment que j'ai depuis maintenant un petit moment.


Avec la crise sanitaire et la prohibition culturelle qui l'accompagne (les cinémas cumulent à ce jour plus de 8 mois de fermeture, et toujours aucune nouvelle d'un calendrier de réouverture), plusieurs films français prévus pour le cinéma ont fait le choix de partir directement sur plateforme : Forte, Brutus vs César,...
Autant de chef d'œuvres qui me font dire que ce phénomène touche principalement, pour ne pas dire exclusivement, les films-déchets, dont les distributeurs et les producteurs ont profondément honte.


Pour lutter contre le gigantesque embouteillage qui se profile à l'horizon de la réouverture (on parle d'environ 450 films qui seraient prêts à sortir, attendant patiemment sur les étagères des distributeurs), le CNC a mis en place il y a quelques jours une nouvelle mesure, présentée par les médias comme un assouplissement de la chronologie des médias (bien que techniquement, puisque les films concernés font l'économie d'une sortie-salle, ils ne sont en réalité pas concernés par la chronologie). En un mot, celle-ci permet aux films initialement prévus pour le cinéma et qui le souhaitent de trouver un échappatoire vers la VoD ou les plateformes de streaming, sans avoir à rembourser les aides de production avancées par le CNC.
Cette mesure risque fort d'accélérer le processus, même si à mon avis il s'agit principalement d'un effet d'annonce, qui ne bénéficiera qu'à quelques films ponctuels, sans vraiment s'attaquer au cœur du problème. La seule vraie mesure efficace, c'est évidemment de rouvrir les salles...
C'est un peu comme essayer de boucher un pipeline avec trois grains de riz, ou bien d'évacuer tous les passagers du Titanic avec un unique canot de sauvetage (j'arrête là avec les comparaisons foireuses) : une grossière tentative pour calmer l'inquiétude croissante d'un secteur délaissé.


Madame Claude s'inscrit en tout point dans ce modèle de film-déchet. Prévu pour la salle et finalement sorti sur Netflix, il s'agit du nouveau film de la réalisatrice Sylvie Verheyde, pas franchement connue pour les qualités artistiques de ses films (Sex Doll en 2016, Confession d'un enfant du siècle en 2012, Un amour de femme en 2001... autant de longs métrages qui peinent à dépasser la moyenne sur SC).


Je ne saurais dire ce qui est le plus mauvais dans l'écriture, du scénario ou des dialogues.
Les dialogues sont sur-écrits et donnent à de multiples reprises l'impression qu'ils ont été mis dans la bouche des acteurs sans que cela soit naturel. Il en ressort une impression brouillonne qui nous empêche de réellement rentrer dans le film. La très mauvaise utilisation de la voix off renforce cette impression de film trop écrit. Je me rends compte ô combien il est compliqué de faire une bonne voix off dans un film : bien souvent, celle-ci n'est là que pour souligner un défaut d'une mise-en-scène qui n'arriverait pas correctement à nous faire comprendre les enjeux du scénario.


Parlons justement du scénario, qui est également un foutoir pas possible. Ca part dans tous les sens, de manière très désordonnée, sans réellement arriver à captiver l'auditoire et rendant la cohérence de l'intrigue difficilement compréhensible. Pire : j'aurais même tendance à penser que le scénario fait à sa manière l'apologie de la prostitution.


En lançant le visionnage de Madame Claude, je savais grosso modo à quoi m'attendre : un mauvais biopic sur ce personnage historique de proxénète quasi mafieux, fournissant aux riches parisiens des filles de plaisir. Mais j'espérais au fond de moi que la belle brochette d'acteurs sauve le tout d'une catastrophe annoncée.
Malheureusement, et malgré mon grand amour pour Roschdy Zem, Pierre Deladonchamps, et surtout pour Garance Marillier, l'une de mes coqueluches découverte dans l'excellent court métrage Ce n'est pas un film de cowboys, quelques années avant la consécration de Grave de Julia Ducourneau, les acteurs restent moyens et ne sauvent pas le naufrage.


Outre le fait de ne pas avoir su m'intéresser à son personnage historique, Madame Claude m'a profondément ennuyé. Quel dommage. Pas étonnant, donc, de voir cela partir sur Netflix !

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le 6 avr. 2021

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D. Styx

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