Comme son nom l'indique, Madame Claude est le biopic (partiel) de la plus célèbre proxénète du Tout-Paris, et qui avait à sa tête près de 200 jeunes filles qui se prostituaient en lui reversant 30 % de leurs gains. Le film se situe à sa période la plus faste, celle située aux environs de la présidence de Pompidou, avec l'arrivée d'une assistante jouée par Garance Marillier.
Précédé d'une réputation sulfureuse, Madame Claude n'est en fin de compte qu'un pet sur une toile cirée ; bien qu'on sent qu'il y a de l'ambition, on ne comprend pas vraiment de quoi ça parle, tant ça part dans tous les sens. De la prostitution en elle-même ? De l'affaire Markovic ? Du trauma de l'assistante ? Des jeux souvent mortels que vécurent les jeunes femmes ? La rigidité de Madame Claude ? En plus, cette dernière est jouée par Karole Rocher, actrice fétiche de la réalisatrice Sylvie Verheyde, et si elle n'a pas plus de deux expressions, sourcils froncés et regard méchant, elle me faisait penser à Jeanne Moreau !
Quant au sujet de la prostitution, j'avoue n'avoir rien appris non plus, non pas par manque de sexe, montrée de manière très chaste, mais on ne comprend pas les motivations des filles, les risques qu'elles peuvent contracter (je pense aux IST), certaines sont blessées voire tuées dans des jeux sexuels, on passe vite fait dessus... on n'y comprend décidément pas grand-chose.
Et ça n'est pas le casting qui relève les choses ; entre Pierre Deladonchamp et son sourire en coin, Roschdy Zem qui fume un cigare et tousse (indice), Benjamin Biolay avec ses problèmes de prononciation, Hafsia Herzi qui doit avoir une minute de présence, la présence éclair de Mylène Jampanoï qui se fait attacher ou Annabelle Belmondo (la petite-fille de), et ainsi de suite... Heureusement qu'il y a Garance Marillier, la révélation de Grave, qui vient mettre un peu de personnalité pour un personnage plus trouble qu'il n'y parait, mais dont son trauma est résolu hors champ.
En fait, le film passe, à mon avis, complètement à côté de son sujet car il aurait pu en traiter deux, qu'on voit vite fait ; l'arrivée de Marlon Brando (dont on ne voit pas le visage) qui choisit une fille comme on le ferait dans un catalogue, et l'influence qu'avait Madame Claude dans le monde politique, là aussi suggéré avec l'affaire Markovic, mais qui est balayé...
Heureusement qu'il reste la très bonne musique (avec du Nicoletta ou Sylvie Vartan), car l'assoupissement était pas loin. En tout cas, ça m'a presque donné envie de découvrir le premier biopic signé Just Jaekin avec Françoise Fabian dans le rôle-titre.