Madame de..., dont le nom sera dissimulé, en manière de gag, plusieurs fois dans le film, n'a guère de souci dans la vie. Sauf qu'elle veut plus d'argent, sans que son mari soit au courant. Elle va donc, après avoir hésité longuement, vendre des boucles d'oreille que celui-ci lui avait offertes. L'histoire aurait pu s'arrêter là, si notre superficielle Madame de... n'était une menteuse accomplie. Afin de dissimuler la vente plus efficacement, elle va prétendre avoir perdu ces boucles d'oreille. Cela va mettre en branle un engrenage insoupçonné.
Madame de... est un drame en forme de vaudeville, une histoire sublimée par le talent de Max Ophüls. Danielle Darrieux, c'est madame de..., suprêmement élégante, tout à fait superficielle, toute en séduction. Charles Boyer, c'est le général son époux, aux répliques excellentes(Ce n'est que superficiellement que nous sommes superficiels), amoureux de sa femme et prêt à tout pour lui accorder sa confiance et sauver son couple. Il me faudra revoir ce film (Oh oui!) pour saisir toute l'évolution du personnage, mais il me paraît un mari assez admirable quoique bien humain, et le rôle s'avère d'une profondeur rare. Le séducteur, c'est le beau Vittorio De Sica, aussi à l'aise devant que derrière la caméra.
Déjà tout cela donne bien envie, on peut encore ajouter l'élégance et la grâce de la mise en scène. De la première scène qui dit tout sur la femme à la fin toute en ellipses, en passant par la beauté des plans, quand un gros plan sur un élément du décor devient l'amorce d'un changement d'endroit au sein d'une même scène de danse où tous les bals se confondent, ou encore lorsqu'un papier émietté se confond avec les flocons de neige sur les sapins pour mesurer l'écoulement du temps, ce film est un enchantement, rappelant que peu importe combien rabattue est l'histoire, tant qu'elle est bien racontée.