Madame DuBarry par Alligator
Je savais qu'il s'agissait d'un Lubitsch "première période", que ce n'était pas une comédie comme il sait habituellement nous en offrir, mais un Lubitsch ne se refuse pas. De cette époque, j'avais déjà vu et apprécier nombreuses de ses créations.
N'étant pas fan de Pola Negri, j'ai longtemps hésité à faire le pas sur ce film. Ce que je craignais, un excès mélodramatique, s'est avéré malheureusement trop évident à mon goût, et ce de manière prépondérante sur la fin surtout.
Il est vrai que le sujet s'y prêtait furieusement. La première partie, l'ascension sociale de la dame, est plus guillerette. Quelques scènes permettent de sentir la présence de Lubitsch : de l'invention dans la mise en scène, des cadrages audacieux, surtout une espièglerie chez les personnages, presque grivois, font penser à cet art consommé du non-dit finalement explicite que le maître a su développer tout le long de sa carrière.
L'humour coquin, très moderne, très libre et rebelle de Lubitsch est quelquefois présent dans les regards, dans les gestes des comédiens.
Le parcours de cette femme du peuple qui devient Mme Dubarry, favorite du roi Louis XV est propice à montrer comment les affaires de cœur mènent les hommes et les femmes. Bien entendu, le scénario se permet des raccourcis qui n'ont strictement rien à voir avec la réalité historique. Le spectacle se veut avant tout moralisateur, édifiant.
Et donc, on peut déplorer que le final s'exprime dans la grandiloquence théâtrale de la tragédie, dans le mélodrame le plus expressif, le plus démonstratif. La période révolutionnaire rajoute une couche dans la violence des passions.
Pour conclure, si le film sait dans de brefs moments pimenter son récit de signes souriants qui soulignent l'intelligence lubitschienne, la fin hystérise le propos jusqu'à une orgie de lamentations, développant d'autant la hâte d'en finir avec ses personnages.