De l'ombre à la lumière (électrique)

Je vous avoue que s'il n'y avait pas eu cette histoire qui me fascine au plus haut point, j'aurais volontiers déserté le dernier film de Serge Bozon tant le traumatisme de son « Tip Top » a été grand. C'est donc avec beaucoup de réserves que je me suis aventuré vers « Madame Hyde », avant d'être assez rapidement rassuré sur la teneur de l'ensemble. Loin d'être insoutenable, le film se regarde avec un minimum d'intérêt, se contentant uniquement de reprendre l'idée principale du (court) roman de Robert Louis Stevenson pour transformer à peu près tout le reste. Je n'ai pas constamment adhéré, notamment cette étrange photographie faisant très amateur, dont je n'ai pas bien compris la pertinence.


L'équilibre entre drame et comédie est fragile, mais tient à peu près jusqu'au bout, cette volonté d'apporter du burlesque, de la fantaisie dans un récit a priori sombre fonctionnant pas mal, notamment grâce à un Romain Duris dont j'ai, pour une fois, envie de dire du bien, l'idée d'offrir un rôle plus secondaire, effacé à José Garcia se révélant également intéressante. Enfin, au-delà de proposer un regard quelque peu différent sur le mythe


(pas de changement d'apparence, une autorité retrouvée, des cours plus intéressants),


l'œuvre propose un vrai regard sur la question de l'enseignement, l'approche du métier ou simplement ce qu'est être un « bon prof » : inattendu et salutaire.


Après, Bozon reste Bozon : un côté très didactique (notamment dans les explications mathématiques) assez chiant, quelques aberrations concernant les réactions des uns et des autres (je pense notamment au bilan de l'Inspecteur de l’Éducation nationale vis-à-vis de l'héroïne), deux déléguées de classe dont on se demande ce qu'elles font dans un lycée pro ou un jeune homme odieux changeant de comportement assez inexplicablement : peut-être le réalisateur a t-il cru que dans sa logique fantaisiste tout fonctionnerait, mais concernant ces quelques exemples, ce n'est pas le cas. Quant à Isabelle Huppert, tout en donnant l'impression d'en faire très peu, elle livre une prestation intéressante, sobre, à défaut d'être enthousiasmante (Huppert, quoi). Un film français singulier, inattendu, surtout au vu du matériel d'origine : de quoi me réconcilier, au moins provisoirement, avec ce réalisateur cinéphile (très) inégal et totalement inclassable.

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le 23 sept. 2020

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Caine78

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