Hong Kong 1997
En 1995, le réalisateur Fruit Chan se met en tête de réaliser un film qui évoquerait le Hong Kong d’avant la rétrocession à la Chine. Ce sera Made in Hong Kong, un film à part réalisé avec un budget...
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le 20 janv. 2021
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Dans ce Hong Kong à vue d’homme, chaudronné par la pègre et l’humidité étouffante, Fruit Chan déambule caméra au poing et propose un film des plus grisants. Tourné dans l’urgence avant la rétrocession du territoire à la Chine (1997), Made in Hong Kong, malgré sa genèse chaotique et son budget de trois fois rien respire d’un air pur digne des plus grands. Montage effréné et erratique (les mauvaises langues diront bordélique), acteurs non professionnels et scénario convenu suffisent à faire de cet ovni cinématographique une œuvre puissante et marquante.
Un instantané des malheurs et des craintes de la jeune génération hongkongaise à l’égard de cette transition inquiète mais nécessaire, dans laquelle on retrouve des échos de Tsai Ming-liang (pour la peinture sociale volontiers critique) mais aussi du John Woo (pour le côté « épique », voire « mythique » de la petite frappe devenue gangster d’un jour). Gigantesques immeubles dont on ne voit jamais le sommet (hormis au moment du suicide du haut du toit), voisinage sans-gêne et attardé, loi du plus fort dans la jungle des rues de Kowloon sont le quotidien de cette jeunesse désemparée, appauvrie au possible financièrement et mentalement.
Un héros profondément attachant et vrai, une héroïne au charme magnétique et un comparse simple d’esprit forment le trio exemplaire de cette balade sauvage enivrée par une joie de vivre toujours contrebalancée par l’omniprésence de la mort, des rames de métro gorgées de soleil jusqu'aux contreforts ombragés des fameux cimetières en terrasses de la ville. Une mort jamais signe de dépérissement complet (le rapport à la spiritualité est très bien traité), mais au contraire porteuse d’espoir, de renouveau et ce jusqu’à la scène finale (un peu too much à mon goût).
Un film formellement déjanté mais extrêmement prenant (attention, ça peut toujours déplaire) qui fait passer Wong Kar-wai pour un expérimentateur de seconde zone et met à l’amende niveau puissance poétique pas mal de productions asiatiques sur le même thème encore aujourd’hui. Une très belle découverte que je recommande chaudement, d’autant que j’ai pu voir le film dans une superbe version restaurée en 4K, chapeautée par Mr Fruit lui-même (à sortir le 27 janvier de cette année).
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Créée
le 5 janv. 2021
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