On retrouve dans Mademoiselle les qualités certaines du cinéma de Park Chan-wook, à savoir la mise en scène soignée et un sens de l'esthétisme bien réel, cette fois heureusement débarrassé du carcan morbide de la "trilogie de la vengeance". Park a simplifié sa réalisation, c'est évident et ça s'en ressent dès les premières minutes.
Ce qui n'empêche pas une surcharge dans les décors qui, quoique crédibles, font vraiment trop décors de cinéma justement. Mais pour le reste c'est très beau, et la photographie rattrape largement les problèmes de caméra, notamment un effet fisheye beaucoup trop prononcé sur plusieurs plans resserrés, et un flou sur les contours de l'image inhérent au mauvais calibrage d'une focale courte. Je chipote, mais pour un film dont on loue l'esthétisme à outrance, c'est toujours bon à signaler.
L'histoire est plutôt bien ficelée, et c'est normal que Park fasse un bon travail dans la narration (hormis quelques moments de flottement, notamment dans les flashbacks) vu que le scénario est adapté d'un roman dont il a simplement déplacé l'action de l'Angleterre victorienne vers la Corée des années 20. La romance entre les deux femmes en revanche m'a laissé plus perplexe. Crédible d'une part, et hautement désagréable de l'autre lors de scènes de porno lesbien où l'hypersexualisation et l'anachronisme règnent en maître, mais qui se laissent évidemment regarder sans trop broncher.
Aucune réflexion cependant sur l'homosexualité, le plaisir, le regard de l'homme sur la femme, ou même le rôle de toute cette littérature érotique dont la place reste assez ambigüe dans l'oeuvre... Park le philosophe était manifestement plus occupé à filmer fessiers et tétons (du reste fort agréables) de son duo d'actrices (que j'ai trouvé correctes, sans plus).
Passé le plaisir coupable du visionnage, je me suis quand même demandé, comme après chaque film de Park, si on n'aurait pas pu mieux faire de ces 2h 15 ; toujours avec cette impression un peu étrange d'avoir eu affaire à un sacré bonimenteur - de talent, certes, mais escroc quand même. Mais bon, pour celui-là au moins, je veux bien lui laisser le bénéfice du doute.