Park Chan-wook nous invite à un jeu dans ce film qui lorgne autant du côté du thriller psycho-érotique que de la comédie de mœurs. Sur fond d'occupation japonaise de la Corée à la veille de la seconde guerre mondiale, un coréen peu scrupuleux tente à l'aide d'une de ses comparses de séduire une bourgeoise japonaise pour bénéficier de son compte en banque. Bien sûr, ça ne se passera pas comme prévu et on peut même dire que ça ne se passera pas comme ça se passe (je vous jure que cette phrase à un sens). La première partie du film est remarquable en tout point. Des couleurs et une lumière magnifiques, des mouvements de caméra amples qui décrivent très bien le milieu dans lequel évoluent les personnages, des effets séduisants, une intrigue rondement menée. En somme, tout ce qu'il faut pour nous faire tomber dans le piège. Et on y saute à pieds joints. La suite restera d'un bon niveau mais viendra se greffer la désagréable sensation qu'on se moque de nous. Le réalisateur y complète les scènes qu'il a volontairement tronquées dans le premier tiers. Il affiche les grosses ficelles de son numéro de marionnettes avec délectation et bien peu de finesse, ce qui rompt le charme qui opérait jusqu'alors. On tentera aussi d'oublier la dernière scène, kitsch et grotesque. Néanmoins, les 2h30 passent bien vite et la première partie du film ainsi que certaines scènes (lecture) valent largement le déplacement.