Park Chan-wook adapte un roman britannique se déroulant à l'époque victorienne, qu'il transpose en Corée, pendant l'occupation japonaise. Pour ceux qui s'attendraient à un film d'époque plan-plan, c'est bien mal connaître le réalisateur derrière "Old Boy", adepte des films dérangés à souhait !
En effet, l'intrigue démarre plus ou moins sagement, avec une jeune femme envoyée par un escroc pour infiltrer la maison d'une riche héritière, en tant que camériste. Mais au fur et à mesure que le récit avance, les personnages et leurs manipulations se révèleront, chacun plus pervers que l'autre ! La deuxième partie est ainsi riche en coups tordus et autres scènes dérangeantes. Avec en prime des scènes de sexe très graphiques : si les spectateur occidentaux adultes ne seront pas choqués, c'est chose pour le moins étonnante venant d'un film coréen !
Et "Agasshi" n'a rien d'un délire stérile. Le film est visuellement recherché, avec en prime un mélange de cultures coréenne / japonaise, et les racines britanniques de l’œuvre qui sont clairement référencées via l'architecture du domaine. Park Chan-Wook livre en outre une belle histoire d'amour, qui ne s'interdit ni des touches d'humour ou de violence fulgurantes, ni des scènes particulièrement efficaces (la séquence de la lecture, notamment).
Touchant, drôle, sensuel, difficile voire parfois répugnant : le film mélange les sentiments que le spectateur peut éprouver, et sait désarçonner celui-ci quand il faut, comme le font si bien les meilleurs œuvres coréennes.