Chroniques du Panda, à la quête des calins perdus, volume 20
Envoûtant.
J'ai récupéré ce film en même temps que Rois & Reine et Quand la mer monte, dans un sursaut de courage ou de folie, ou les deux. Ambiance "retirer le sparadrap une bonne fois pour moins souffrir".
Yolande Moreau a été à la hauteur de mes attentes... craintes donc.
J'ai vu les 10 premières minutes d'Emmanuelle Devos et j'ai le sentiment que ces 2h20 seront longues.
Mais ne nous égarons pas.
Entre les deux, ce Mademoiselle Chambon a surgi de nulle part, avec son air de ne pas y toucher.
Pensez donc, si je devais vous vendre le film, je serais obligé de vous dire que c'est une oeuvre résolument humaine. Il mise tout sur ses acteurs, et quand on voit à la fois Aure Atika et Vincent Lindon à l'affiche, il y a de quoi s'inquiéter.
Pour la première rien de spécial à en dire, et c'est là toute l'habileté de la chose.
À des lieues de ses habituelles performances cataclysmiques, passant même gentiment la barrière du médiocre, elle s'approche du passable pour livrer une prestation certes un peu transparente, mais c'est aussi ce qu'on lui demande.
Un personnage auquel le réalisateur n'a pas tellement intérêt à nous faire nous attacher, pour des raisons que vous découvrirez par vous-mêmes, bande de petits canaillous.
Pour le second, grosse baffe.
Si il est aussi bon dans Toutes nos envies, que j'avais l'intention de voir bien avant ce soir, Vincent Lindon remontera grandement dans mon estime.
Un peu rustre voire balourd, mais tellement touchant.
Et, fermant le triangle, la lumineuse Sandrine Kiberlain qui inonde l'écran de sa présence dès qu'elle y apparaît.
Et en même temps, paradoxalement, discrète comme à son habitude, toute de fausse fragilité avec son corps frêle, son regard et son visage d'éternelle adolescente.
Et puis ?
Et puis c'est tout.
Comme je l'ai dit, ils portent le film sur leurs épaules.
Pas de plans de folie, pas de cadrages de génie.
Une musique peu originale et d'ailleurs assez peu présente, mais dans les rares moments où elle est utilisée, c'est fait si judicieusement qu'on en pleure (la scène où ils écoutent un CD tous les deux).
Le film français dans l'entièreté de sa caricature, mais appliquée intelligemment.
Modèle de retenue, la relation qui se tisse entre ces deux êtres timides, maladroits comme des enfants, est émouvante de bout en bout.
Chaque scène atteint son but, à l'image du passage aux Pompes funèbres, première fois que je vois cela dans un film. Simplicité, sobriété ne font que susciter une empathie plus sincère pour les personnages, y compris secondaires.
Jusqu'à 5 minutes de la fin, j'avais mon 9 tout prêt à tomber.
Et puis voilà.
Un peu comme l'Impasse, dans un genre différent.
Frustration intense, on m'a retiré le bonbon de la bouche juste quand je commençais à en deviner l'odeur sucrée, à saliver un peu.
Je n'en dévoile pas plus, mais c'est un point bêtement perdu, dévoré par mon petit coeur de midinette.
Allez mauvaise troupe, à vous de jouer, c'est du Label Panda™.