La première apparition de Max von Sydow au cinéma s'est faite dans ce qui est – apparemment – la création la plus fameuse d'Alf Sjöberg. Autant dire que l'effet qu'elle m'a fait n'est pas à la hauteur. Cafouilleuse dans ses raccords, pas claire dans son propos, elle peine à révéler sa vocation (à se demander si elle en avait une initialement, ce qui n'est pas un mal en soi du moment que ce n'est pas dégueulassé par la régie).


Il faut survivre à une bonne heure de baroque de malheur pour enfin parvenir au vif du sujet, qui ne s'exprime d'ailleurs pas de manière moins baroque, le très bon jeu d'Anita Björk se mêlant à des surjeux d'archaïsme mais aussi de bons gros surjeux faciaux, et c'est pas de bol parce que Sjöberg s'intéresse beaucoup aux visages. Heureusement, sa manière de filmer nous fait toujours nous demander où est la caméra ; non que ce soit technique (des gros plans et des plans pivotants sur des machins qui passent devant l'écran, ça n'a rien d'extraordinaire) mais la proximité de la captureuse d'images avec les visages ou certains éléments du décor est intéressante.


Le réalisateur semble s'éveiller tardivement à la possibilité d'une critique finissant par émanciper le film de sa fadeur. La musique, les décors et l'histoire vont s'allier pour montrer et rire à la fois du genre humain avec des contrastes devenus intelligents et ironiques. Les « noces de feu » d'une féministe réactionnaire dont la fille est promise à grandir à grands coups de doctrine, le tout étant découpé dans le passé et ramené dans le présent par la rencontre des deux époques sur un même plan, sont un exemple des scènes qui sauvent Mademoiselle Julie d'un faux départ pour von Sydow, même s'il ne fait encore que figurer.


Quantième Art

EowynCwper
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le 13 juin 2018

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Eowyn Cwper

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