Une réécriture de l'évangile subtile et géniale, où le folklore japonais explore sa spiritualité en regard du christianisme. Ogin est prise dans une tragédie heureuse au bout de laquelle elle trouve l'amour, le bonheur et la vérité. Elle est la synthèse de la dévotion japonaise traditionnelle de son père et la dévotion chrétienne de l'homme qu'elle aime : elle les synthétise et en même temps elle les accomplit, parce que c'est elle qui réalise avant eux le sacrifice final. La fin est une réécriture à la fois de la passion du christ et du seppuku samouraï, sans jamais citer de manière grossière ses références, et sans perdre de vue l'objet premier du film : l'émancipation féminine contre le verrou masculin du Japon impérial. Il y a du génie dans la réalisation, qui ménage à la fois une tension dramatique dans cette intrigue domestique jamais ennuyeuse et une tension critique qui permet d'explorer ce dialogue spirituel profondément juste. Mademoiselle Ogin est à jamais dans mon Panthéon.