Le sujet de Mademoiselle Paradis semblait aller de soi : les rapports entre le très controversé Docteur Messmer et l'une de ses patientes, la prodige Maria Theresia von Paradis, pianiste et aveugle depuis l'âge de 3 ans. Un thème traité sans conviction par la réalisatrice Barbara Albert bien plus intéressée par le petit monde de l'aristocratie viennoise, prompte à encenser autant qu'à critiquer. Un marigot dans lequel la figure de Maria Theresia surnage, personnage fragile et fort à la fois, dont le retour à la vue, provisoire, s'accompagne de la perte d'une partie de son talent. Le film traite plusieurs thèmes de manière concomitante, sans vraiment les approfondir (la relation avec la jeune camériste), avec une approche souvent voyeuriste qui semble insister sur la laideur, qu'elle soit physique (y compris celle de son héroïne) ou morale. La mise en scène de Barbara Albert est pesante, sans fluidité, ne ménageant que peu de liaisons entre chaque scène. Quant à Franz Messmer, le film ne semble pas avoir de point de vue sur sa personnalité, génie ou charlatan ?, sauf pour montrer son avidité de notoriété et de reconnaissance par l'impératrice. Mademoiselle Paradis met mal à l'aise, décidément une constante dans le cinéma autrichien, de Haneke à Hader, en passant par Seidl, mais Barbara Albert, de la même façon que dans Les vivants, son précédent film, a du mal à transcender des sujets bien lourds.