Après son court-métrage Madre, montré en 2017, Rodrigo Sorogoyen a souhaité lui donner une suite, au titre éponyme. Le long-métrage, qui inclut le court, est très différent de ses deux premiers films : Que Dios nos perdone et El Reino, avec l'abandon du genre thriller pour un récit dramatique et psychologique, cependant sous-tendu par des ressorts dignes d'un bon suspense. Le portrait sensible de cette mère, que l'on retrouve 10 ans après les faits évoqués dans le court-métrage, laisse planer un certain mystère quant à ses motivations et même son équilibre mental, dans sa relation équivoque avec un adolescent qui constitue la trame principal du film. Cette femme traumatisée et endeuillée, est jouée à la perfection par la frêle Marta Nieto, bien entouré par un casting en majeur partie français, puisque l'action est située dans les Landes. Le spectateur, pour une fois, en sait moins que les principaux personnages de l'intrigue qui connaissent tous cette femme surnommée "la folle de la plage." Cela donne une atmosphère étrange à Madre, qui s'apparente parfois à de la frustration voire à de l'agacement, avec même un certain sentiment de répétition dans la narration du film. Qui reste cependant fascinant par l'élégance de sa mise en scène (l'océan Atlantique est magnifiquement filmé), ses dialogues subtils et ses passages fluides entre le français et l'espagnol. Madre est loin d'être une déception, juste un nouvel aspect de la virtuosité de Rodrigo Sorogoyen, sans doute le talent le plus pur qui ait émergé d'Espagne ces dernières années.

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le 13 nov. 2019

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