Avec "Madres paralelas", Pedro Almodovar atteint l’instensité d’un Douglas Sirk d’"Un temps pour vivre, un temps pour mourir". Almodovar travaille, et ce dernier opus s’avère haut la main un de ses meilleurs films. Qui est à la fois un grand geste politique, et une histoire de tragédie du présent, où les grands thèmes humains sont abordés, les générations, les naissances et les morts, les pas franchis, chaque personnage ayant suffisamment de scènes pour être considéré. C’est aussi un film qui regarde la femme, Penelope Cruz, de presque tous les plans, devenir une si belle femme à l’âge où elle interprète avec maestria une femme de 40 ans. Le film débute de façon étourdissante, bousculant le temps de l’ Histoire, la mémoire et le temps dans la chair des personnes, le temps du film qui suit son chemin. Et devient vite choral. Almodovar est toujours un coloriste talentueux qui a le talent de rendre hitchcockienne une relation entre deux femmes qu’il tisse de façon de plus en plus complexe avec tout son talent de scénariste. Il est beaucoup question de mères et filles, de toutes les générations. Lors des conversations, les visages sont toujours filmés en gros plan. Ce système d’entraide entre femmes est émouvant. "Summertime" version Janis Joplin tait la très belle musique d’Alberto Iglesias qui accompagne intelligemment le film. Les fondus au noir évoquent le tableau que Janis a dans sa chambre, une femme allongée captant le regard de qui la regarde. La mémoire familiale court sur quatre générations. Almodovar englobe avec une grande maestria, tout en prenant le temps de développer. Le moment où le village est réuni est émotionnellement très fort. Une clôture en beauté.