L'orage n'éclatera pas. Le ciel plombé du début du film ne nous quittera jamais, tout comme les tons terreux et grisatres de la photographie adoptée par le film, racontant le temps qu'il reste. L'amour d'un père pour sa fille victime d'un virus dont on ne saura pas grand chose, si ce n'est qu'il transforme les gens infectés en zombies. Car Maggie, c'est l'échéance que l'on repousse autant par amour que par égoïsme, la volonté de retenir l'être aimé malgré la souffrance, malgré l'inéluctable et la gravité de la maladie, quelle qu'elle soit.
Si Maggie sait quel mal la ronge, Hobson la confrontera à ce qu'elle deviendra dans huit semaines, via la rencontre avec une petite fille et son père aux abords de la ferme familiale, déjà réduits à l'état de cadavres, puis avec son petit ami. Faire face aux différents visages du virus permet au réalisateur de confronter Maggie à ce qu'elle sera ainsi qu'aux émotions dont elle sera l'épicentre, entre amour et rejet le plus total. Tout cela, ainsi qu'une espèce de huis-clos avec son père, une fois le corps étranger évacué du foyer, tend à faire naître une atmosphère dépressive et pessimiste assez réussie. D'autant plus que la relation entre Abigail Breslin et Arnold Schwarzenegger sonne juste et touche par instants épars, des souvenirs partagés ou les manifestations de la maladie qui les rattrape.
Il est d'autant plus dommage de voir ces points positifs gangrénés par une gestion folklorique et par dessus la jambe du virus dont il est évident qu'il est le cadet des soucis d'Henry Hobson. En effet, s'il est annoncé comme hautement contagieux et que la quarantaine semble être la règle, cela n'empêche nullement Abigail Breslin de s'approcher de son frère, de sa soeur, ni d'aller fêter les retrouvailles entre amis, encore moins de baguenauder autour de la ferme, sans risque d'une quelconque contamination à grande échelle. Si cela aurait à l'évidence fermé certaines portes narratives, la partie huis-clos y aurait à coup sûr gagné en intensité.
Dommage aussi que le film n'aille pas jusqu'au bout de son propos
et de la seule issue qui semble possible
, un peu comme cet orage qui gronde tout au long du film et qui n'éclatera finalement jamais.
Henry Hobson se dérobe ainsi au dernier moment à l'inéluctable, refusant de faire porter le poids de la culpabilité à son rôle principal, au profit d'un ultime éclair de lucidité et de sacrifice.
Mais ce que l'on garde en mémoire à la sortie de la salle, c'est l'ambiance sobre et dépressive, remplie d'émotions, que le réalisateur a travaillé par petites touches. Même si on ne peut s'empêcher de penser, qu'avec plus de rigueur dans l'écriture et un peu de courage dans son propos, Maggie aurait à coup sûr dépassé le statut de film sympathique pour accéder à celui d'oeuvre franchement réussie.
Behind_the_Mask, des vers dans ses blessures.