A l’époque (le film date de 1954) Maggie n’était pas encore premier ministre de sa très gracieuse majesté. Le titre est le nom d’un vieux rafiot (moteur au charbon) dont le capitaine, MacTaggart, est un écossais qui n’investit plus dans l’entretien de son navire, tout simplement parce qu’il n’a pas les 300 livres qui seraient nécessaires pour le retaper. De retour au port de Glasgow la Maggie bien mal en point, alors qu’il y est quasiment interdit de séjour, MacTaggart préférerait échapper à tout contrôle officiel. Malheureusement, les circonstances l’y mènent en plein jour.
La Maggie clouée à quai, le mieux est de réfléchir un peu en buvant une bière (plus abordable que le whisky) au pub le plus proche. En trainant aux bons endroits, MacTaggart (Alex Mackenzie) apprend par Pusey (Hubert Gregg) représentant de la compagnie maritime locale, qu’un certain Marshall (Paul Douglas) cherche un bateau prêt à transporter une cargaison vitale pour son entreprise. Transport urgent pour lequel MacTaggart annonce presque timidement qu’il est disponible. Une série de quiproquos lui permet d’obtenir ce travail inespéré.
Quand le responsable de la compagnie maritime réalise l’énorme bourde commise, il est trop tard, la Maggie chargée vogue vers sa destination. Rafistolée de partout, incapable de maintenir une vitesse satisfaisante (les machines n’ont pas été révisées depuis une éternité), le chargement pas du tout assuré. Marshall peut commencer à s’affoler…
A bord, outre MacTaggart, le personnage le plus pittoresque est le mousse (Tommy Kearins), petit gars débrouillard qui finira sûrement capitaine un peu plus tard. Il sait être là au bon moment pour assurer que la Maggie parviendra à bon port dans les délais. Il sait également se taire quand il sent qu’une erreur est commise mais qu’elle profite à la Maggie. Et puis, il n’a pas son pareil pour dénicher une bonne occasion. C’est ainsi qu’il va entrainer du monde dans une chasse au faisan improvisée, un des meilleurs moments du film.
Alexander Mackendrick (qui cosigne le scénario avec William Rose) délivre ici une comédie britannique typique de la belle époque du studio Ealing. A noter que si le réalisateur est né à Boston (Massachussetts), il a vécu en Écosse depuis l’âge de 6 ans jusqu’à ses 30 ans. Ce qu’il montre du pays est donc un aperçu de ce qu’il aime et connait bien. On est loin du folklore pour touristes (tout juste si on aperçoit un kilt), avec ses châteaux. Pas question non plus de monstre marin, bien que la Maggie vogue de loch en loch (surveillée de plus ou moins loin par Marshall, qui dépense ainsi une petite fortune en avion et taxi), MacTaggart jouant au chat et à la souris avec le propriétaire de la cargaison. La Maggie va jusqu’à remonter un canal et aborder à un ponton où une des meilleures scènes verra Marshall finir au bord de la crise de nerfs.
Un film méconnu parce qu’il n’est pas un chef d’œuvre et qu’il fait désormais un peu daté. Les péripéties et enchainements de situations manquent parfois de crédibilité. Le film conserve néanmoins son charme, aspect rétro accentué par un noir et blanc qui met bien en valeur l’Écosse et ses habitants. Peu de brouillard pour gâcher le paysage. Et, si l’écossais moyen se montre à la hauteur de sa réputation de radinerie, c’est avant tout parce que la vie est rude dans son pays.
Un film à découvrir, par le réalisateur de L’homme au complet blanc (1951), Tueurs de dames (1955), Le grand chantage (1957) et Un cyclone à la Jamaïque (1965).