Soderbergh, j'aime bien. Il ne réussit pas tous ses films, mais j'apprécie la façon dont il alterne les projets alimentaires et les projets personnels.

Magic Mike semblait intéressant à priori : le monde des strip teaseurs mâles exposé aux yeux de tous.... sachant que l'auteur n'hésite pas à aborder ses films de façon très documentaire, j'y ai vraiment cru. Et puis en fait non.

Soderbergh m'a semblé un peu paresseux sur ce film, ou tout simplement, il n'avait rien à dire sur cet univers. Il en résulte l'impression qu'il ne se passe rien et qu'au delà des 15 premières minutes, nous n'apprendrons plus rien de cet univers de strass et de paillettes. Pire, l'auteur se contente de filmer les danses de manière contemplatives, ainsi que les moments de fêtes évitant ainsi les conflits dramaturgiques pendant la première heure.

C'est d'autant plus regrettable que la note d'intention est intéressante : un jeune strip teaseur désire lancer une société en tant que creative designer ; en attendant il accumule les petits boulots pour économiser. L'idée que le héros fuit les responsabilités est bonne mais pas assez appuyée durant le film. En fait, tout est traîté superficiellement. Dès le début du film il nous est montré que la banque propose quelques aides (pas les meilleures, c'est sûr) dont Channing pourrait bénéficier pour mener à bien son entreprise. Il refuse. Déjà, il aurait été intéressant de nous décortiquer cet aspect (qui aurait contrebalancé avec l'univers 'basique' des stripteaseurs)
; et puis surtout, il aurait fallu insister beaucoup plus sur le refus du héros à recevoir des aides destinées aux pauvres alors qu'il est plein aux as. Car de tout le reste du film on y reviendra plus,comme si c'était oublié, fini. Il aurait clairement fallu revenir sur le sujet (par exemple la banque relance d'elle même l'affaire et le héros refuse, ou bien trouve des prétextes pour ne pas mener à terme son rêve) ; en fait, il faut montrer les choses (subtilement ou non), il ne suffit pas de ne plus en parler pour qu'on comprenne que le héros fuit. Non, on doit le voir fuir des opportunités ; si le parsonnage n'en parle pas, l'histoire doit en parler!

Bref, on ne comprend pas trop les motivations du personnage principal et son évolution en fin de parcours paraît comme un cheveux gras et pelliculé dans la soupe, de façon inattendue (il fallait bien finir le film).

A part ça, Soderbergh se débrouille plutôt bien. Ce n'est pas une mise en scène léchée, et l'on peut regretter la pauvreté du découpage lors des shows, mais le bougre parvient tout de même à nous hypnotiser un tantinet, ce qui évite ainsi l'ennui profond. Channing, enfin, parvient pour la première fois à me convaincre de son talent. je suis d'ailleurs pressé de voir son prochain film (encore avec Soderbergh), une sorte de drame romantique avec Jude Law.

Pour terminer, on pourra, d'un point de vue moral, trouver le propos assez insultant, puisque le message qui en ressort est : les stripteaseurs sont des gars irresponsables qui foutent en vie leur vie et celle des autres... Magic Mike ne dépasse finalement pas le propos des films qui montrent la prostitution ou les stripteaseuses du bout des doigts.

Bref, Magic Mike souffre d'un scénario trop superficiel, mais n'endort pas son spectateur grâce à un minimum de qualité en terme de mise en scène (et d'acteurs).
Fatpooper
5
Écrit par

Créée

le 13 janv. 2013

Critique lue 892 fois

11 j'aime

Fatpooper

Écrit par

Critique lue 892 fois

11

D'autres avis sur Magic Mike

Magic Mike
Sharpshooter
5

Manifeste pour un Soderbergh sans filtre

Magic Mike n'est pas en soi un mauvais film. C'est même l'un des meilleurs de la part d'un Soderbergh qui commençait gentiment à se muer en quasi-arnaque ces derniers temps après le surestimé The...

le 14 août 2012

26 j'aime

4

Magic Mike
Gand-Alf
6

Boys Boys Boys !

Roi d'Hollywood le temps d'une poignée de succès mérités, Steven Soderbergh ne surprend plus grand monde depuis belle lurette, en témoigne une filmographie aussi épaisse que bancale. Au milieu de...

le 25 mai 2013

25 j'aime

12

Magic Mike
Joyce
4

Critique de Magic Mike par Joyce

Magic Mike commence plutôt correctement mais je me suis vite interrogée (et à juste titre) sur la teneur de ce film. Le sujet est traité superficiellement, les personnages auraient pu être exploités...

le 22 août 2012

19 j'aime

Du même critique

Les 8 Salopards
Fatpooper
5

Django in White Hell

Quand je me lance dans un film de plus de 2h20 sans compter le générique de fin, je crains de subir le syndrome de Stockholm cinématographique. En effet, lorsqu'un réalisateur retient en otage son...

le 3 janv. 2016

122 j'aime

35

Strip-Tease
Fatpooper
10

Parfois je ris, mais j'ai envie de pleurer

Quand j'étais gosse, je me souviens que je tombais souvent sur l'émission. Enfin au moins une fois par semaine. Sauf que j'étais p'tit et je m'imaginais une série de docu chiants et misérabilistes...

le 22 févr. 2014

119 j'aime

45

Taxi Driver
Fatpooper
5

Critique de Taxi Driver par Fatpooper

La première fois que j'ai vu ce film, j'avais 17ans et je n'avais pas accroché. C'était trop lent et surtout j'étais déçu que le mowhak de Travis n'apparaisse que 10 mn avant la fin. J'avoue...

le 16 janv. 2011

107 j'aime

55