Après Boogie Nights, on avait placé de grands espoirs sur Paul Thomas Anderson ; ce réalisateur confirme brillamment la subtilité et l'audace de sa mise en scène avec ce film choral sur les hasards et coïncidences qui pendant 24 heures vont faire s'entrecroiser 9 destins successifs. En effet, adoptant le même principe de mosaïque que Robert Altman dans Short Cuts, le réalisateur brosse une fresque sur l'aliénation urbaine remplie de doses de colère, de remords, de mal d'amour et de solitude. Mais Magnolia peut irriter autant qu'il peut enchanter ; quelque part, ça malmène, ça intrigue, ça insupporte aussi, mais en aucun cas ça ne peut laisser indifférent. L'impact du film tient aussi à la qualité d'interprétation et au traitement égal de tous les personnages où l'on trouve un patriarche moribond (Jason Robards), son épouse sous médicaments (Julianne Moore), un infirmier dévoué (Philip Seymour Hoffman), une ex-star de télé en manque d'amour (William H. Macy), un flic très pieux (John C. Reilly), un animateur de jeux cardiaque (Philip Baker Hall), ou un télévangéliste gourou du sexe rageur (inattendu Tom Cruise)... Bref, un choral d'acteurs extraordinaires pour un film qui réserve bien des surprises et des joies, mais qui aurait gagné cependant à moins de longueurs, car au bout de 3h d'un tel traitement, certes c'est bluffant mais j'en suis sorti un peu KO.