One
Magnolia, film calme dans le fond, nerveux dans la forme. Travelling, zoom, musique incessante, actrices et acteurs qui ne tiennent pas en place, autant de personnages qu'on ne veut ni aimer ni détester, car ils sont humains comme nous, et donc aussi déroutés que déroutants.
Magnolia, fleur éclose qui ne laisse pas indemne après l'avoir observée, c'est le genre de film que je critique d'une traite juste après l'avoir vu, en écoutant sa belle bande originale, que je critique sans mâcher mes phrases.
Parce que ce soir, il s'agit d'être vrai. Vrai comme cet homme qui rencontre une femme et qui passe avec elle le deal de tout se dire franchement, sans se cacher.
Ce soir, lectrice ou lecteur, je passe le même deal avec toi.
Écrire ainsi à chaud sur Magnolia sans préméditation aucune, c'est une manière d'être aussi spontané que l'âme même de ce film. C'est accepter de faire les erreurs inévitables sans chercher à les éviter, pour une fois. C'est écrire un texte imparfait, qui ne reflétera que maladroitement ce que j'ai vraiment sur le cœur.
Une façon d'écrire que je regretterais, pour un texte bancal où il manquera beaucoup de choses que j'aurais voulu exprimer si j'avais pris mon temps, tout comme le remord ronge le mourant dans son lit, et c'est justement pour ça que je décide, poussé par une inspiration de celles qu'on ne veut pas stopper, de m'y prendre ainsi.
Magnolia, film atypique, film unique, œuvre rare comme on en voudrait plus, est sincère et juste, mêle vie et cinéma sans vraiment les dissocier. Difficile de dire ce que l'on vient de voir quand Claudia se tourne vers nous et nous sourie, lueur de joie dans l’œil, avant que le rideau final ne se tire.
Magnolia ou l'humanité dans un film, trois heures qui défilent hors du temps, car l'on en perds la notion, comme l'homme qui se meurt empli de regrets, cloué au lit par le poids de ses erreurs, malade d'avoir vécu.
Cocktail de vies éparses mélangeant sentiments et maladies, forces et faiblesses, des êtres en souffrance courent après l'idée qu'ils se font de l'amour, d'autre ne se connaissent même plus et regardent avec mélancolie les erreurs d'un passé qu'ils veulent laisser derrière eux mais qui les rattrapent indubitablement.
Tranche visqueuse d’existence, celle à laquelle nous pouvons relater aisément, celle de personne et de tout le monde. Au point qu'on ne sait plus ce qu'on a fait, ce qu'on va faire...
But it's not going to stop...
Wise Up
Film choral où, presque ironiquement, tout le monde chante à la fois en cœur et séparément, le temps d'un même répit illusoire, la même chanson ; Magnolia est la mélodie apitoyée de la vie dans ses moments flottants, quand certains s'éteignent laissant derrière eux ce qu'ils ont fait aux autres.
Magnolia, un film à part que je viens de découvrir alors que je vous adresse ces mots, qui fait partie de ceux difficiles à noter, qui interroge le spectateur sur sa crédibilité face à un film, sur sa propre manière de vivre, de jouer la comédie de sa propre vie, se voir soi-même ou se fantasmer.
Magnolia, l'image qu'on donne aux autres, l'image qu'on a de soi, ce qu'on ne croit possible que dans les films, et pourtant... Ces choses-là arrivent.