"Dans un grand champ de magnolias"...

Un film en destins croisés et superposés de plus, à la Inarritu ou à la Short Cuts. Pourtant moins indé et plus casté « mainstream » que ce dernier, Magnolia n'en oublie pas pour autant d'être génial. Et ce même si de toute évidence, l'idée de départ fait plus que déjà-vu. C'est pourtant la manière de rendre ces trois heures de film, habituellement indigestes, tout à fait passionnantes qui transcende tout le film. Anderson joue au petit malin en multipliant les mises en abyme du cinéma dans le cinéma, et ce en ayant toujours en tête la visée d'emporter et d'impliquer le spectateur dans sa réalité cinématographique.
Pour ce faire, la narration très léchée est scindée entre la voix off « rien que pour toi public » et l'affichage de situations qui alternent entre le prosaïque et le saugrenu, mais qui ne sont en rien prévisibles ou téléphonées. C'est d'ailleurs toute la sève de la démonstration, qui vise à prouver que tout événement le plus incroyable n'est pas dû au hasard mais se produit et se reproduit sans cesse dans l'intégralité des quotidiens de chacun. Le réalisateur se propose donc de capter l'incongru de la routine, et de le compiler pour en faire un film présenté comme un documentaire mais tourné comme un long-métrage. L'habillage de la trame scénaristique est donc intelligemment raffinée, et donne plus qu'envie de croire en ce bon prêcheur.
Mais en dehors des éloges, on pourra toujours tiquer sur le manque d'homogénéité de la mise en scène, qui a parfois tendance à lorgner du côté du « clip promotionnel » alors que le plus gros s'avère tempéré et classique dans la forme. De même, certains dialogues intimistes de l'ordre de la « confession intime » auraient gagnés à être plus « frais », moins réchauffés.
Et pour clore ce panégyrique timoré, je dirai que le film vaut le coup d'être vu rien que pour sa fin à elle seule, que je qualifierais tout simplement de complètement démentielle. Avec une qualité pareille, je comprends mieux le lien de parenté avec There Will Be Blood dorénavant...
Adrast
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le 17 janv. 2011

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