Un policier d’atmosphère

Dans cette adaptation de Maigret par Patrice Leconte, c’est Gérard Depardieu qui endosse le costume du commissaire, obligé par son médecin d’arrêter de fumer et lui apporte sa présence massive et taiseuse. Il l’explique d’ailleurs durant le film : sa solution pour faire craquer les suspects ? Ne rien dire et les laisser parler. Si vous souhaitez un polar plein d’action et de suspense, regardez un autre film. Ici, c’est l’atmosphère qui est privilégiée. L’intrigue en tant que telle n’intéressait pas plus que ça Simenon, sa priorité était les relations entre les personnages et la description d’un certain milieu social, avec ses codes, ses préjugés. Maigret enquête ici sur la mort d’une jeune femme retrouvée poignardée dans un square alors qu’elle revenait d’une soirée. En s’intéressant à l’histoire de cette jeune femme, actrice figurante, Maigret (et sa femme) vont voir ressurgir des souvenirs de leur propre fille, sans que rien ne soit jamais dit directement, c’est ce que j’ai trouvé le plus réussi dans ce film. Leconte manie l’art du non-dit avec talent. Un bon film mais assez lent et il y a eu de bien meilleures adaptations de Maigret (comme Maigret et l’Affaire Saint Fiacre avec Gabin en 59, réalisé par Jean Delannoy sur des dialogues de Michel Audiard qui amènent de la truculence à l’intrigue au départ très personnelle et intime). Et en adaptant Simenon, Leconte a fait bien mieux avec Monsieur Hire en 89 où le personnage principal est interprété par un fabuleux Michel Blanc.