Au début des années 1960, dans la banlieue de Naples, l'éboulement d'un immeuble délabré causé par la construction d'autres habitations va provoquer deux morts et plusieurs blessés. A l'aide d'un député, une commission d'enquête doit être établie afin de prouver la responsabilité du promoteur immobilier. Mais cela va être constitué de mille embûches.
Son prix à Venise ainsi que le grand succès en salles va permettre de placer Francesco Rosi sur l'échiquier du cinéma, dans le rôle du contestataire ainsi que la collusion entre le privé et le public, au mépris des administrés. Le plan d'ouverture, qui est un miroir de celui de conclusion, ne met guère en doute sur la destinée de cette commission ; mais il est saisissant de voir la construction d'immeubles au bord d'une falaise, soutenus par des pilonnes, tout ça pour augmenter le prix du m² et donc la part du promoteur. Ce qui est largement fait au détriment de la sécurité et du mépris adressé aux habitants, avec cette scène saisissante où un immeuble délabré s'effondre.
Port par les formidables interprétations de Carlo Fermariello, le député, ainsi que Rod Steiger, jamais meilleur que quand il joue une crapule, Main basse sur la ville est clairement un film de joutes verbales, où chaque camp va vouloir défendre son morceau avec des scènes très italiennes en soi, dans le sens où ça ressemble à de la cacophonie, mais il y a quelque chose de pourri qui en ressort. Disons que ça ne rend pas très optimiste, mais Rosi est clairement dans le camp du député en voulant affirmer ses arguments face au capitalisme présent par la voix de Steiger. Le tout filmé dans un très beau noir et blanc, et la très bonne musique de Piero Piccioni, aux accents pré-Morricone, qui sera un collaborateur régulier du réalisateur.
Le film est dur, âpre, mais montre déjà qu'il y a quelque chose qui cloche au sein de nos administrations ; d'ailleurs, le générique final se garde bien de dire que tout cela n'est que fiction...