Une idée de départ absurde ne fait pas un scénario
J’avais adoré La guerre est déclarée, le précédent long métrage très réussi de Valérie Donzelli dans lequel elle raconte, avec une grande sensibilité, comment elle et son compagnon de l'époque, Jérémie Elkaïm, ont lutté contre la maladie de leur fils.
En visionnant Main dans la main, je m’attendais à retrouver l’esprit de La guerre est déclarée, tout en sachant que l’argument de départ, passablement saugrenu, allait nous embarquer sur une voie toute différente.
Un adage dit que les meilleures blagues sont les plus courtes. Or, dans ce cas, l'idée absurde qui tient lieu d'intrigue trouve très vite ses limites et devient d’autant plus agaçante qu’on ne comprend pas quel but poursuit la réalisatrice. En effet, le film tourne rapidement à vide car l’exercice de style atteint très vite ses limites. C’est d’ailleurs tout le problème du film : la juxtaposition de situations (dont certaines sont intéressantes, intrigantes, voire réussies) qui n’ont rien à faire ensemble et dont on ne voit pas la cohérence. Le spectateur finit par trouver le temps long alors qu’objectivement le film, qui ne dépasse pas les 90 min., ne l’est pas. Les situations qui devraient être cocasses ne sont pas drôles, les dialogues ne font pas rire. Hormis les scènes de danse et la bande son du film, tout sonne faux : Jérémie Elkaïm a beau faire jeune, on a du mal à croire qu'il est champion de skate, d’autant qu’on ne voit pas ce que ces scènes apportent au film ; la scène de striptease de Valérie Lemercier n’a comme mérite que de nous révéler un corps de déesse et qu’elle porte les rideaux comme une robe de grand couturier. Mais où cela nous mène-t-il ? A New York, pour assister à un feu d’artifice depuis le haut d’un building de Manhattan ? Et après ?
On retrouve cependant l’univers singulier de Valérie Donzelli, décalé et original, à travers quelques belles images et quelques moments magiques (en particulier lorsque Joachim « signe » la chanson The man I love dans l’interprétation un peu grinçante de Sophie Tucker). Le problème est que, pas plus que pour les autres, on ne comprend pas la justification de cette scène. On en est d’autant plus dépité que l’on doit reconnaître que tout talent n’est pas absent de cet exercice.
Jérémie Elkaïm est la seule force du film. Quant à Valérie Lemercier, dont je crains toujours le cabotinage et les excès, elle m’a beaucoup moins agacé que ce que je le craignais, beaucoup moins en tout cas que Valérie Donzelli.