De l'érotisme soft au bûcher.
Le film est souvent nommé dans les trésors cachés du cinéma français des années 70, cela a piqué ma curiosité. Le titre résume bien cette histoire de deux jeunes filles, qui aiment jouer avec le mal, qui a souvent le visage du mâle.
Anne (Jeanne Goupil) et Lore (Catherine Wagener) sont pensionnaires dans une institution religieuse. Dans ce lieu froid et austère, elles vont transgresser la plupart des interdits et se tourner vers le culte du diable. L'été arrivant, elles rentrent dans leurs foyers respectifs. Les parents d'Anne, partent deux mois en Suisse, la laissant seule avec les domestiques dans leur château. Elle va en profiter pour mettre en oeuvre la plupart de ses fantasmes, en jouant avec les hommes, toujours accompagnée de son amie Lore, en repoussant les limites un peu plus chaque jour.
Cela ressemble à un film érotique classique. De jeunes filles en fleurs, qui découvrent leurs épaules, leurs cuisses et parfois plus, sur une musique aux chœurs langoureux. Cela instaure une atmosphère à la "Emmanuelle" ou "Joy", accentuant le côté érotique. Rien de bien original.
La première heure est limite ennuyeuse. Il faudra attendre la rencontre avec un automobiliste perdu et en panne, dans cette campagne trop calme pour les deux adolescentes, pour que le film montre son vrai visage. Après avoir jouer avec les hommes qui les entourent; dont Michel Robin en jardinier un peu simplet; cet homme venant de la ville, va définitivement faire basculer les héroïnes dans le côté obscur.
Comme souvent, c'est la noirceur qui attire plus, que la douceur. C'est bien le cas ici et surement qu'il fallait passer par le calme des débuts, pour mieux apprécier, les événements qui vont se dérouler sur la fin.
Jeanne Goupil est bluffante dans ce rôle difficile. C'est son premier rôle au cinéma, tout comme c'est la première réalisation de Joël Séria, son futur compagnon. Elle porte le film dans ses longs moments contemplatifs. Elle n'est pas très aidée par la platitude de la réalisation, ni par le reste du casting. Catherine Wagener est en retrait, plus un second rôle, voir un rôle de blonde qui manque de psychologie. Elle a du mal à exister face à Jeanne Goupil, mais sans elle, l'histoire n'aurait plus de sens. Puis Jeanne représente la bourgeoisie, ou les parents snobinards, ne s'occupent pas de l'éducation de leur fille, la confiant à l'église et la délaissant, pour partir dans de longues vacances estivales. Au contraire de Catherine, issue d'un milieu social moyen, mais dont les parents, malgré leurs présences, sont tout aussi absents. Elles sont livrées à elles-mêmes, sans entourage familial et en opposition à l'église.
La lente descente en enfer des deux adolescentes est sublimée par une dernière scène étonnante. C'est dérangeant, cela a surement eu plus d'impact en 1970, qu'en 2014, ou la violence devient banal. Au point que le film fut interdit plusieurs fois, sous la pression de l'église catholique. Les scènes dans le pensionnat religieux, dont les deux sœurs qui s'embrassent, explique cela.
Peter Jackson fera une histoire quasi-similaire, avec le réussi "Créatures célestes", sans le côté érotique, plus dans l'émotion, dans le fantasme, avant que cela vire au drame.
Une découverte intéressante, mais pas marquante. C'est original, un peu choquant, mais de là à en faire un trésor caché, il ne faut pas abuser. La réflexion sur le film, est plus intéressante, que le film en lui-même. Il a ses qualités, mais souffre de ce côté érotique avec des adolescentes, puis de sa très lente mise en place. Pas vraiment indispensable.