S’il jouit d’une très belle réputation, ce giallo me paraît sympathique mais pas davantage. L’entrée en matière a pourtant plutôt fière allure. Un crime aperçu dans de mauvaises conditions est ressassé par son témoin. On retrouve là le thème de l’image qui ment, leitmotiv du giallo. Mais l’ambiance qui porte le film ne respecte pas vraiment tous les codes du genre. Plus proche dans sa façon de conduire le récit du film policier que du thriller, il se rapproche ainsi pas mal du « krimi », une sorte de polar à l’Allemande, le film étant une coproduction germano-italienne. L’ensemble manque donc, à mes yeux, de cette tension si particulière qui fait le giallo.
L’érotisme n’est cependant pas en reste avec de nombreuses scènes de nue, notamment sous les douches des jeunes lycéennes, et des thèmes propres au genre. Ainsi le viol, la perversion ou l’avortement sont abordés de manière très frontale pour un film du début des années 70. Très puritain (comme l’est souvent le giallo, genre faussement libidineux qui châtie les impudiques), le film déroule une morale qui manque d’ambiguïté pour bousculer son spectateur. L’assassin semble ainsi punir ses victimes en leur enfonçant une grande lame dans le vagin. Tourné en Angleterre, dans un style très classique, le sujet sulfureux semble hélas toujours tenu en laisse. Ainsi la mise en scène n’est pas à la hauteur de son sujet.
La révélation qui se fait peu à peu jour manque également de finesse. Entre coïncidences heureuses et un enchaînement de situations qui ne laisse aucun doute sur l’identité de l’assassin, le film perd en intérêt alors que le final des giallos représente, le plus souvent, le clou du spectacle. On regrettera enfin un film maladroitement scindé en deux temps entraînant un changement radical dans le ton du film (qui du mystérieux thriller bascule à l’enquête policière) et dans la caractérisation de ses personnages, notamment le couple formé par Fabio Testi et Karine Baal. Le résultat est donc quelque peu bancal et n’atteint jamais les grandes réussites du genre. Sympathique mais pas passionnant.