Voir aujourd'hui un film comme "Major Dundee", c'est assister à un tournant dans l'histoire du cinéma américain. "Major Dundee" marque avant tout la fin du western dit "classique" tout en esquissant déjà les prémisses du nouveau western, plus sanglant, plus contestataire, plus désabusé.
"Major Dundee" est également un évènemment important dans l'évolution du cinéma de Peckinpah, sortant tout juste du succès de "Coups de feu dans la Sierra". On commence à entrevoir ce qui fera la puissance et la fureur d'oeuvres comme "La horde sauvage" et "Croix de fer", une maîtrise incroyable de la mise en scène couplée à une approche visionnaire du genre dans lequel elle s'inscrit, sans oublier une ambiance crépusculaire à la violence paroxystique.
Réduit d'une bonne moitié par le studio, "Major Dundee", malgré ses défauts évidents (sérieuses longueurs, final vite expédié...) conserve en lui un certain pouvoir de fascination, ancré qu'il est dans un contexte à la fois historique (la guerre de Sécession) et contemporain (l'intervention américaine au Vietnam), vision déformée du western classique nous montrant l'absurdité d'un conflit aussi bien politique qu'idéologique, l'ennemi le plus terrible n'étant pas forcément celui auquel on pense.
On saluera également la force du casting, mené par le duel opposant Charlton Heston à Richard Harris, deux monstres sacrés jouant ici avec leur image, frères enemis que tout oppose mais étrangement si proches.