Relecture d'un épisode méconnu de la soul, à savoir la prise de pouvoir (forcée) entre Solomon Burke et James Brown lors d'un concert un soir d'hiver 1965. Étonnante en elle-même, l'histoire prend surtout une ampleur particulière par le style flamboyant et riche en couleurs (euphémisme) de Jean-Charles Mbotti-Malolo, donnant au court-métrage beaucoup de personnalité, cette explosion colorée volontiers tourbillonnante
(distorsion de l'espace, animation constamment en mouvement)
faisant son effet, sans pour autant s'éloigner de son sujet initial.
On pourra trouver (logiquement) trop court cet « affrontement » entre ces deux icônes, le réalisateur s'éloignant parfois manifestement de la réalité au profit de la dramaturgie, ce qu'il assume d'ailleurs pleinement dans le making-of. Brown
en sort grandi musicalement, beaucoup moins humainement,
sans qu'il y ait pour autant de réels jugements de valeur, la nécessité pour les chanteurs noirs d'exploser dans cette Amérique post-ségrégation étant une réalité. Peut-être ce récit eût-il justifié un moyen-métrage afin de développer ces différents aspects, mais en l'état, « Make It Soul » reste une expérience visuelle et sonore fort stimulante, donnant à cette anecdote surprenante une vraie dimension cinématographique : joli travail collectif.