L’enfer c’est les autres, mais au cinéma, c’est les producteurs. Simon pense commencer le tournage d’un grand drame social lorsque ses producteurs abandonnent le projet en cours de route. Le trou soudain dans le budget monte les acteurs caractériels et les techniciens à bout les uns contre les autres, tandis que le réalisateur tente de sauver son film du naufrage financier. Seul le jeune Joseph, pizzaiolo rêvant de cinéma passé de figurant à réalisateur du making of, semble surnager dans l’enfer de la production. Sans jamais se départir de son vernis comique, le dernier film de Cédric Kahn se révèle peu à peu une critique acide du monde du cinéma dans l’Hexagone. De Jonathan Cohen en acteur-star arrogant à Denis Podalydès en cinéaste au bord du burn-out, en passant par Souheila Yacoub en jeune actrice attendant son 1er grand rôle et Stéfan Crépon en rêveur ingénu du cinéma, le film fait habilement le tour de ces personnages qui composent le grand corps du 7e art en France. Parfois mesquin mais toujours juste et naviguant parfaitement entre le caustique et le dramatique, le film parvient à faire un efficace mélange des genres. Sans être particulièrement subtil, le jeu de miroir entre le drame social fictif et la catastrophe de production fonctionne parfaitement, soulignant la précarité et le caractère artisanal de nombreuses productions cinématographiques françaises où l’art est soumis au bon vouloir des producteurs. Justine Triet nous l’a bien rappelé, il faut lutter contre la marchandisation de la culture à tout prix.